De nouvelles révélations ne sont pas écartées Les experts financiers estiment à plus de 2 milliards de dollars le montant des détournements opérés par l'ancien ministre de l'Energie et des Mines. D'où viendra le salut pour l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, maintenant que le broyeur de la machine judiciaire américaine s'est mis en branle? Désormais, M.Khelil est dans le viseur du FBI pour ses avoirs se chiffrant en des montants faramineux outre-Atlantique. Dans sa dernière édition, la revue Jeune Afrique a rapporté que «des équipes d'enquêteurs du FBI ont discrètement séjourné à Alger, fin 2012 et début 2013, afin de compléter les informations déjà recueillies aux Etats-Unis». Selon la même source, «les Américains auraient informé leurs interlocuteurs que Khelil dispose dans leur pays d'avoirs d'un montant considérable, principalement sous forme de placements boursiers». A priori, cette enquête du FBI n'a aucune relation avec les scandales révélés par la presse italienne et canadienne, selon lesquels Chakib Khelil aurait empoché des pots-de-vin se chiffrant à des centaines de millions de dollars en contrepartie de l'octroi de marchés de Sonatrach à l'entreprise italienne Saipem et canadienne, SNC Lavalin. On croit savoir que l'opération que mène actuellement le FBI, serait également liée à des affaires de corruption avec des entreprises américaines ayant travaillé en Algérie dans le secteur pétrolier de 2000 à 2010. Les experts financiers estiment à plus de 2 milliards de dollars le montant des détournements opérés par l'ancien ministre de l'Energie, des membres de sa famille et le neveu de Bedjaoui. Selon les premières investigations, près d'un millier de contrats ont été passés de gré à gré par Sonatrach en 10 ans avec une jungle d'entreprises installées en Algérie et à l'étranger. Pour de nombreux observateurs, l'affaire El Khalifa Bank dont le procès est programmé par le tribunal criminel près la cour de Blida, le 2 avril prochain, pour une affaire de 3,2 milliards de dinars, apparaît réellement comme du menu fretin, un banal fait divers. Etant déjà en étroite collaboration avec le FBI dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les services de renseignements algériens sont donc en mesure de demander des compléments d'information et exiger l'extradition de Chakib Khelil une fois que les faits sont clairement établis par la justice. La démarche du FBI coïncide avec la décision de la justice algérienne de faire toute la lumière sur cette affaire de corruption dénommée Sonatrach II. Il y a deux semaines, le procureur général près la cour d'Alger, Belkacem Zeghmati, a indiqué dans un communiqué que l'information judiciaire, ouverte dans le cadre de l'affaire dite Sonatrach 2, connaîtra une «cadence accélérée» dès réception des résultats des commissions rogatoires internationales par le juge d'instruction. Zeghmati a rappelé que pour ce faire, le juge d'instruction «a eu à décerner plusieurs commissions rogatoires internationales à destination des autorités judiciaires suisses, italiennes et émiraties». Il a affirmé de même que la convocation ou «l'émission de mandats de justice à l'encontre de toute personne impliquée sera requise». M.Zeghmati a également expliqué que «si certes, l'identité des personnalités algériennes, ministre ou cadres de Sonatrach, visées dans cette affaire, a été clairement portée à la connaissance de l'opinion publique par les organes d'information nationaux et étrangers, la loi algérienne n'autorise pas l'autorité judiciaire à le faire avant leur inculpation officielle». Les scandales de corruption ne sont plus circonscrits en Algérie ou dans un second pays. Nous sommes réellement face à un réseau mafieux aux ramifications insondables et qui s'étendent presque à toute la planète: d'Italie, aux Emirats en passant par la Suisse, le Canada et les Etats-Unis d'Amérique. Une entreprise criminelle d'une extraordinaire structure. Elle a ses experts, sa police, son administration et ses professionnels de l'escroquerie. Le tout réuni dans le cadre d'un joint-venture frauduleux. Ils sont capables de réaliser n'importe quelle opération financière sans le moindre soupçon et échapper à toute investigation. Un véritable danger transnational dont la lutte doit impliquer tous les Etats, comme c'est le cas du fléau terroriste.