Le harcèlement des journalistes va à l'encontre d'une élection libre et transparente. Riche en enseignements, la visite de trois jours en Algérie de l'adjoint au secrétaire d'Etat pour la démocratie, les droits de l'homme et du travail, tombe en pleine précampagne électorale pour la présidentielle de 2004, et le moins que l'on puisse dire, c'est que dans sa déclaration préliminaire, déjà, M.Lorne W.Craner a fait un certain nombre de remarques qui font ressortir tout l'intérêt que les Etats-Unis attachent désormais à la question de la démocratie et des droits de l'homme dans les régions Afrique du Nord et Moyen-Orient. C'est ainsi qu'il déclare que les Etats-Unis croient que le moment est venu de procéder sans doute à la levée de l'état d'urgence comme une étape importante pour le développement de la démocratie en Algérie. Il est également revenu sur la déclaration qui a été faite par M.Colin Powell au mois de décembre dernier qui a insisté sur l'importance de la tenue d'élections libres, honnêtes et transparentes. M. Craner a pris acte des assurances officielles qui lui ont données sur les mesures prises pour renforcer l'aspect technique du vote, mais cela ne l'empêche d'exprimer sa préoccupation quant au harcèlement subi par les journalistes. D'autres thèmes ont également retenu son attention au cours des entretiens qu'il a eus avec les responsables du gouvernement et des ONG, sur la situation des disparus, l'égal accès de l'opposition aux médias publics lors de la campagne électorale, la place de la femme dans la société et sa possibilité d'avoir accès à l'éducation et au travail, ainsi que son statut et sa participation dans le processus politique. L'autre point sur lequel a insisté M.Craner a trait à l'utilisation des fonds publics lors de la campagne électorale. Inscrite dans le sillage de celle qu'a effectuée M.Colin Powell en décembre dernier, la visite de M.Craner se veut comme une concrétisation du discours du président américain G.W. Bush qui s'est proposé de promouvoir la démocratie et les droits de l'homme dans les régions Moyen-Orient et Maghreb, parce que, estime-t-il, les droits de l'homme font partie de la sécurité des Etats-Unis. «La stabilité et la démocratie vont de pair», a précisé M.Craner. Le président américain a parlé de certains pays qui ont fait des avancées dans le domaine de la promotion de la démocratie. L'adjoint au secrétaire estime que l'Algérie est sur la bonne voie. «Elle est prête à se joindre au nombre croissant des démocraties dans le monde.» Concernant la préparation des élections, M.Craner a pris note des dispositions qui ont été prises quant à l'aspect technique du scrutin, notamment la suppression des urnes spéciales pour l'armée. Mais l'élection se prépare une année à une année et demie avant le déroulement du scrutin, et dans ce cadre il relève que le harcèlement contre la presse est un point noir à relever, de même que l'intrumentalisation de l'administration et de la justice. Il insiste aussi sur la nécessité de l'ouverture du champ médiatique public aux candidats de l'opposition ainsi qu'une juste utilisation des ressources publiques au cours de la campagne. Si ces conditions ne sont pas réunies, cela va à l'encontre d'une élection libre et transparente.