En procédant de la sorte, le président a pris de court l'ensemble de l'opposition rassemblée dans le groupe des onze. Pourtant M.Yazid-Nordine Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, avait, lors de la visite de travail et d'inspection qu'avait effectuée le président de la République à Oran, catégoriquement exclu une telle éventualité en mettant en avant le fait que l'Algérie était capable d'organiser un scrutin honnête et régulier. Mais devant la méfiance affichée par les citoyens et les partis potentiels candidats quant à la régularité du prochain scrutin national, le chef de l'Etat a décidé de solliciter les organisations internationales pour l'envoi d'observateurs internationaux susceptibles de lui (scrutin Ndlr) conférer une certaine crédibilité. C'est dans ce sens que le chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika, a adressé des invitations aux représentants de l'ONU, M.Kofi Annan, de l'Union africaine, M.Alpha Omar Konaré, ainsi qu'au président du parlement européen, M.Pat Cox, et au secrétaire général de la Ligue arabe, M. Amr Moussa les invitant à envoyer en Algérie des observateurs internationaux. Une promesse qu'il a faite la veille lors d'un toast offert au palais de la culture, Moufdi Zakaria, en l'honneur du président chinois, M.Hu Jintao. Au cours de cet entretien M.Bouteflika a précisé que «vu l'importance de cet événement du fait qu'il constitue une étape cruciale dans l'implantation de la démocratie en Algérie et bien que je répugne personnellement à toute ingérence étrangère dans notre vie politique nationale, j'envisage, pour mettre fin à des manoeuvres aux objectifs facilement discernables, de permettre à des observateurs internationaux à l'intégrité éprouvée, de pouvoir assister au déroulement de ce prochain scrutin». «Il me semble qu'un contrôle des opérations électorales par un groupe d'observateurs internationaux à la probité et à la neutralité confirmées, constituerait un moyen très efficace de rassurer et d'encourager les électeurs, puis de crédibiliser les résultats du scrutin», est-il mentionné dans le courrier adressé à Kofi Annan et rendu public par l'APS. Cependant, le chef de l'Etat a reconnu que «les précédents scrutins n'ont pas toujours été irréprochables et ils ont conduit à une désaffectation des électeurs et à leur scepticisme en ce qui concerne toute élection future», dans sa correspondance avec M.Konaré, avant de rappeler que tous des mécanismes ont été mis en place pour assurer la transparence du prochain scrutin. C'est dans ce contexte que le président de la République vient d'approuver la création d'une commission d'organisation des élections, puis une commission politique de surveillance dans laquelle seront représentés tous les candidats. En outre, des instructions précises et impératives sont d'autre part données aux structures administratives pour assurer leur neutralité et leur efficacité dans l'organisation du scrutin à travers le territoire national. «Ces mesures sont par elles-mêmes largement suffisantes pour répondre de manière satisfaisante aux préoccupations des uns et des autres», a souligné le chef de l'Etat. En procédant de la sorte, le président de la République, qui n'a pas encore indiqué s'il briguerait ou non un second mandat, a voulu prendre de court l'ensemble de l'opposition rassemblé dans le groupe des onze avant même que ce ne soit réclamé publiquement par ses adversaires. Ces derniers se sont, jusque-là contentés d'exiger le départ de l'actuel gouvernement et son remplacement par un cabinet intérimaire consensuel chargé de la préparation de l'élection et la gestion des affaires courantes (...), d'installer une instance indépendante dotée de toutes les prérogatives pour instruire et contrôler l'administration (depuis l'amont jusqu'à l'aval du déroulement de la présidentielle) et, enfin, de protéger les acteurs politiques et sociaux qui manifestent leur soutien aux différents candidats et les cadres qui refusent l'allégeance...Mais c'est aussi une manière de répondre partiellement aux recommandations de l'adjoint au secrétaire d'Etat américain pour la démocratie, les droits de l'homme et du travail, M.Lorne W.Craner, faites lors de sa dernière visite à Alger, qui avait déclaré que l'élection «se prépare une année à une année et demie avant le déroulement du scrutin». Dans ce cadre il avait relevé que «le harcèlement contre la presse est un point noir à relever, de même que l'intrumentalisation de l'administration et de la justice». Aussi, il avait insisté sur la nécessité de l'ouverture du champ médiatique public «aux candidats de l'opposition, ainsi qu'une juste utilisation des ressources publiques au cours de la campagne». Si ces conditions ne sont pas réunies «cela va à l'encontre d'une élection libre et transparente», avait-il souligné.