Le secrétaire d'état américain, COLIN POWELL, hier à Alger “Nous souhaitons des élections libres et transparentes” Il a également encouragé l'Algérie et le Maroc à trouver une solution au problème du Sahara occidental par la voie du dialogue. Tout comme sa visite, la rencontre que le secrétaire d'Etat américain a tenue, hier, à Alger avec les journalistes était expéditive. En effet, arrivé en milieu d'après-midi pour des entretiens exclusifs avec le président Bouteflika, Collin Powell a animé, en début de soirée, juste avant son départ à l'aéroport, une conférence de presse à l'hôtel Hilton, dans laquelle il a résumé les relations algéro-américaines dans trois questions-réponses. Faisant d'abord un exposé très élogieux et enthousiaste des rapports entre les deux pays, l'envoyé de la Maison-Blanche a, comme son homologue algérien, Abdelaziz Belkhadem, présent à ce point de presse, salué l'essor de la coopération bilatérale. “Comme il est souligné par le président Bush, nos relations bilatérales n'ont jamais été aussi bonnes”, s'est-il enorgueilli. Comme preuve de cette entente inédite, le secrétaire d'Etat américain a mis en avant son déplacement dans notre pays. “C'est la première fois que je viens en Algérie”, a-t-il indiqué. L'orateur a également évoqué l'apport de la coopération accrue dans le domaine sécuritaire dans la consolidation des liens entre l'Algérie et les Etats-Unis. “Nous apprécions la coopération exceptionnelle dans la lutte contre le terrorisme et nous escomptons son développement”, a soutenu l'émissaire de George W. Bush. Sur d'autres volets, le conférencier a tout aussi mis en relief l'“encouragement par l'Administration américaine des opportunités d'échanges et d'investissement” et souligné son rôle de soutien à l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Cependant, cet élan de générosité de Washington exige, selon ses décideurs, la satisfaction par le gouvernement algérien de certaines conditions. “Les progrès dans les réformes politiques et économiques constituent un élément essentiel dans le développement de nos relations communes”, a souligné M. Powell. Plus explicite, il a cité pêle-mêle la liberté de la presse, la promotion du rôle de la société civile ainsi que la protection et la promotion des droits de l'Homme comme les conditions fondamentales à une entente durable et prospère. Assurances présidentielles À ce propos, l'hôte de l'Algérie a évoqué la question de l'heure, à savoir le tout prochain scrutin présidentiel. “Il est important pour nous de préparer des élections libres et transparentes avec une grande participation populaire”, a-t-il exigé. Le secrétaire d'Etat américain s'est fait l'écho d'une longue discussion à ce sujet avec le locataire d'El-Mouradia. “Le président Bouteflika m'a donné des assurances”, a-t-il affirmé visiblement réconforté. À une question d'un journaliste américain sur la position des Etats-Unis par rapport à l'interruption du processus électoral en 1992 et son incidence sur l'avènement du terrorisme, Collin Powell, en parfait diplomate, a préféré esquiver ce sujet délicat en se bornant à dire qu'il “n'a pas le luxe de remonter dans le temps et de faire des conjectures”. “Je préfère parler du présent”, a insisté M. Powell en rappelant à nouveau les exigences de son pays sur le respect des libertés collectives et individuelles ainsi que le déroulement d'élections propres. Il a, dans un second plan, généralisé ces préalables de démocratisation à tous les Etats de la région. “Les pays du Maghreb sont nos alliés. Ils sont prêts à recevoir notre message”, a-t-il fait remarquer. Outre l'Algérie et le Maghreb, le ministre des Affaires étrangères américain a abordé le conflit du Sahara occidental en encourageant les deux parties — Alger et Rabat — à trouver une solution à ce problème dans le cadre du dialogue. Il a déclaré avoir fait état de cette volonté US au roi Mohammed VI et au président Bouteflika. “Nous ne cherchons à imposer une solution à quiconque”, a néanmoins fait remarquer l'orateur. Il a souligné à ce propos que la position des Etats-Unis reste inchangée. “Nous continuerons à appuyer les efforts de Baker — le coordonnateur du plan de paix onusien —”, a conclu M. Powell. Il est à noter que sa visite-éclair dans notre pays intervient dans le cadre d'une tournée maghrébine, la première du genre. Le secrétaire d'Etat américain a d'abord fait escale en Tunisie, puis au Maroc. Il s'est envolé, hier soir, pour Bruxelles pour une réunion de l'OTAN. S. L. L'ambassadeur des Etats-Unis à El Khabar Washington n'a pas de candidat pour 2004 Dans une interview accordée, mardi dernier, à notre confrère arabophone El Khabar, Richard Ederman, ambassadeur des Etats-Unis en Algérie, s'est exprimé sur les relations algéro-américaines. Cet entretien, accordé à la veille de la visite du secrétaire d'Etat, Collin Powell, dans notre pays a été l'occasion pour le diplomate de réitérer les engagements pris par Washington, mais surtout d'insister sur son exigence relative au respect et à la promotion des droits de l'Homme. À ce sujet, M. Ederman a confirmé la réception par le secrétaire d'Etat d'un rapport de l'ONG Human Right Watch sur la situation des droits de l'Homme en Algérie. “Nous accordons une grande importance aux questions liées à la liberté d'expression, de la presse et des droits de l'Homme. Le gouvernement algérien en est conscient”, a-t-il affirmé. À une question sur la conditionnalité de l'aide économique par le respect des libertés et la promotion de la démocratie, le responsable de la chancellerie a indiqué que “tout est lié”. Abordant la coopération sécuritaire, il s'est félicité de l'essor des relations bilatérales dans ce domaine précis. “Grâce à l'aide de l'Algérie, la vie de plusieurs ressortissants américains a été épargnée”, a souligné M. Ederman, très reconnaissant. À propos de la prochaine élection présidentielle, il a soutenu que Washington n'a pas de candidat préféré et qu'elle s'en tiendrait aux résultats des urnes. “Nous avons de bonnes relations avec le président Bouteflika et nous attendons à ce quelles soient aussi bonnes avec quiconque sera élu”, a précisé l'ambassadeur. À une question sur le rôle de l'armée sur le choix du futur Président, il a affirmé que “dans toute élection, ce n'est pas l'institution militaire qui choisit le peuple”. R. N.