L'Algérie sera présente au Festival de Clermont-Ferrand, avec cinq courts métrages. Samedi dernier, par une soirée hivernale, la salle Ibn Zeydoun a convié la presse et les hommes de culture à la projection d'un moyen métrage intitulé Cousines, du réalisateur Lyès Salem. Le film raconte, en 32 minutes, comment Driss, un émigré de France, a pu provoquer chez Nedjma, une cousine éloignée un peu timide et réservée, un besoin, une soif d'indépendance et de liberté. Les événements se succèdent, et la joie de la rencontre familiale se transforme en drame après l'assassinat d'une petite écolière. Nedjma se retrouve perdue, égarée dans un monde de violence et de brutalité. Elle décide, malgré le refus d'Amrane, son fiancé, de sortir manifester avec ces centaines de pour dire non à la hogra. Un sujet peut-être consommé ou simplement mal exploité, mais le jeu des jeunes acteurs a donné vie et consistance au film. Une spontanéité et une maîtrise que le réalisateur a su mettre au profit de son film. Cousines, produit par Dharamsala (France) et Sora Production (Algérie), figure parmi les films sélectionnés en compétition officielle au Festival du court métrage de Clermont-Ferrand, qui aura lieu entre le 30 janvier et le 7 février prochain, avec Rumeur, etc., court métrage signé par Mohamed Latrèche. Outre ces deux courts métrages, une soirée spéciale Algérie est programmée le 6 février en marge du Festival de Clermont-Ferrand. Orange, du réalisateur Mouzahem Yahia, l'un des courts métrages programmés pour cette soirée, a été diffusé la semaine dernière à la Cinémathèque algérienne. Il a été réalisé dans le cadre de l'opération «5 courts métrages pour l'Algérie 2003». Orange est l'histoire de deux hommes qui se battaient sans aucune raison. La bagarre débute au beau milieu d'un marché très dense. Elle se poursuit plus tard dans des décors de plus en plus dépouillés et monochromes. Leur état physique se dégrade. Ils finiront même par s'entre-tuer. Dans leurs tombes chacun se demande la raison de la dispute, mais ni l'un ni l'autre n'a la réponse. Pis encore, la bagarre reprend de plus belle six pieds sous terre. En 7 minutes 30, le metteur en scène a su poser une série de questions sur l'autodestruction, la violence, le silence abasourdi des violeurs des lois de la nature, bref, sur la vie de tous les jours. Il a utilisé sa caméra pour nous dire des réalités sur la nature de l'être humain: son tempérament dévastateur, son amour pour les guerres, pour la discorde. Dans Orange, notre vie est une arène où petits et grands, hommes et enfants, s'entre-tuent pour un rien. Le tout dans un esprit burlesque, avec une musique qui renvoie au cinéma sourd-muet. La jeune équipe qui a travaillé sur le film jouit d'une volonté extraordinaire. Le manque d'expérience des acteurs et du réalisateur n'a pas été un handicap, loin s'en faut. Ainsi, ils ont réclamé leur droit à la parole en mettant sur pied ce métrage. Le film est avant tout un appel, un essai, pour montrer le talent de nos jeunes créateurs. Des scénaristes et des réalisateurs naissent aussi dans des conditions peu propices mais ils arrivent à émerger et peuvent prouver leurs capacités pour peu qu'on mette des moyens à leur disposition. Orange est une preuve parmi tant d'autres. Bonne chance à nos jeunes réalisateurs.