Jamais la politique n'a paru aussi loin des préoccupations et des soucis du citoyen lambda. L'incertitude mine la scène politique. Le champ politique se trouve dans un contexte de désamorçage et une logique plébiscitaire. La dégradation du climat social s'ajoute à ce lot. Sans partis politiques censés jouer les intermédiaires, soupapes et réguler les revendications sociales, le gouvernement risque de se retrouver encombré par une demande sociale arrivant en puissance et en vrac de toutes parts. Les deux principaux partis, sans ambitions politiques, sont presque paralysés. Selon un membre du comité central, également mouhafedh du FLN, «il faut attendre jusqu'au mois de mai prochain pour voir probablement se fixer la date de la tenue de la session du comité central tant attendu». La rencontre qui devait regrouper les mouhafedhs récemment au siège du parti, inscrite à l'initiative des partisans de Abdelaziz Belkhadem déchu n'a jamais eu lieu. Cette réunion s'est transformée en fin de course «aux contacts informels autour d'un café», a-t-on appris auprès de la même source. Ainsi, le statu quo s'installe inexorablement dans la durée au FLN. C'est dans une situation politique marquée à la fois par l'incertitude, mais aussi par un climat social de plus en plus pénible que l'opinion publique aborde cette année, hautement électorale. Jamais la politique n'a paru aussi loin des préoccupations et des soucis du citoyen lambda. La session du comité central (CC) ne sera pas tenue de sitôt, de l'avis même des membres du bureau politique. Les intérêts occultes minent les clans du parti majoritaire à l'APN. Chaque camp soutenu, qui par des relais des parrains du milieu des affaires, qui par les deux à la fois, affiche une résistance féroce au rapprochement entre les différentes ailes. Chaque aile «souhaite imposer son candidat», selon des sources proches du parti. Les redresseurs, de leur côté, poursuivent leur campagne de mobilisation. Trois meetings devaient être organisés la semaine prochaine, respectivement à Constantine, Mascara et Laghouat. Il est clair que la ligne de fracture s'est approfondie au FLN et au RND. Ce dernier appréhende encore d'aborder le volet politique divisant en profondeur ses rangs, de l'avis d'une source proche du parti. La démarcation est la neutralisation de ses deux appareils obéit-elle à des desseins qui trouvent leur origine dans les échéances à venir? La rencontre qui s'est tenue la semaine écoulée au siège du parti à Hydra entre Abderrahmane Belayat, coordinateur du bureau politique, Mohamed Boumehdi, du bureau de la 6e session du CC, ainsi que les chefs de file des redresseurs, dont Abdelkrim Abada, El Hadi Khaldi et Mohamed Seghir Kara, s'est terminée en queue de poisson. La difficulté d'aller vers l'urne pour élire le nouveau secrétaire général est presque paralysante. Dans ce contexte, le FLN comme le RND d'ailleurs, semblent attendre le «messie» qui sera coopté selon certains observateurs ou désigné selon d'autres. Cette perspective semble être la seule à même de remettre sur les rails les deux appareils. Qui prendront les rênes de ces formations politiques en déchéance? La seule inconnue dans cette équation complexe des crises au FLN et au RND reste le moment qui sera choisi pour «parachuter ces hommes de consensus», puisque c'est la tendance générale qui prime actuellement sur la scène politique, s'accordent à dirent plusieurs observateurs. «Le pouvoir d'initiative et le monopole de l'information ont, peu à peu, installé une érosion progressive sur la scène politique», indiquent les analystes politiques. La preuve en est qu'aucun parti, aucune mouvance, n'est en mesure d'avancer son parrain à la présidentielle de 2014 à une année de cette importante et décisive échéance. Même les islamistes, qui ont réussi à sceller une alliance (AAV), avouent qu'aucune réflexion n'est engagée à cet effet. A travers le président du groupe parlementaire de cette entité, Athmane Laouar, également député du MSP, il est relevé que leur seule priorité de l'heure est la préparation du congrès qui se tiendra au début du mois de mai prochain. «L'idée de présenter un candidat commun à cette coalition n'a pas été effleurée pour le moment», fait-il savoir. La grande dépression et crispation qui caractérisent le paysage politique ne laissent apparaître aucun compromis pour l'heure. Au contraire, on assiste au déroulement des hostilités et à la montée de la contestation sociale. Les tabous de la succession avec des scandales de corruption en toile de fond ont donné lieu à des partis sans ambitions politiques. Derrière l'apparente monotone de la vie publique, un certain nombre de faits sont venus perturber les usages et les routines. L'incertitude, pour seul horizon d'attente.