Le premier responsable de la chambre haute du parlement n'est pas allé par quatre chemins. Le Conseil de la nation a clôturé, hier, sa session d'automne sanctionnée par une allocution de son président, M.Bensalah. Vu la conjoncture politique actuelle dominée par la guerre de clocher qui ronge le FLN et les surenchères politico-médiatiques qui vont crescendo à l'approche de la présidentielle, le premier responsable de la chambre haute du parlement n'est pas allé par quatre chemins pour afficher son allégeance au président sortant, M.Bouteflika et, tacitement, son approbation au «redressement» prôné par Belkhadem dans le but d' accaparer le FLN. D'emblée, l'orateur a orienté sa succincte allocution dans le sens que l'institution qu'il dirige est teintée de «démocratie» et de «transparence». «Le Conseil de la nation est aujourd'hui une institution dont l'édification est pleinement achevée et qui s'impose comme une référence et une force d'équilibre dont l'efficacité et la crédibilité ne souffrent aucun doute», s'est-il targué. Ce «pas vers la démocratie», M.Bensalah le justifie en soulignant l'adoption de plus de 81 textes de loi, le contrôle des activités du gouvernement ainsi que l'instauration de dialogue entre le parlement et les citoyens. Comme il n'a pas omis d'ajouter à ce «butin d'acquis» la constitutionnalisation de tamazight. Pour les failles, Bensalah s'en est remis au climat tragique dans lequel le sénat a été créé (1996). Cela étant, le président du sénat n'a pas manqué de rendre hommage à l'APN «pour sa contribution dans la réussite de cette expérience et pour son précieux concours pour surmonter les difficultés rencontrées durant ces six dernières années, et ce, grâce aux vertus du dialogue, de la concertation et de la compréhension mutuelles», sans, toutefois, s'embourber dans la polémique suscitée par la déchirure du groupe parlementaire du FLN au niveau de l'APN qui a, rappelons-le, mis cette dernière en ébullition. Une échappatoire attendue qui, paraît-il, est dictée par le souci de ne point s'engager à laver son linge sale en public. Mais surtout ne point «irriter» M.Karim Younès, président de l'APN, qui a tenu à être présent à la cérémonie, dont la fidélité à M.Benflis est sans ambages. Cela n'est que le prélude du discours. La suite a été un véritable panégyrique à l'égard de M.Bouteflika, voire une motion de soutien pour un second mandat, même si ce dernier n'a pas encore confirmé sa candidature. D'où M.Bensalah s'est félicité du «respect des engagements pris par M.Bouteflika pour le relogement de toutes les familles sinistrées», du «bond qualitatif enregistré par la dynamique de développement sensible au cours de ces derniers mois», et du «dialogue ouvert par le gouvernement avec les représentants du mouvement citoyen de Kabylie». Autre vocable qui ne trompe pas: «Que la prochaine compétition soit une compétition de programmes», ou «que la loi, et la loi seule, soit le recours et le garant pour affronter cette échéance importante.» Le prolongement à cette campagne pour le président a été donné par les ministres «redresseurs», MM.Louh et Tou entre autres, qui n'ont pas été avares de déclarations, à la fin des travaux; des déclarations déjà ressassées à tire-larigot par Belkhadem et tous ceux qui lui ont prêté allégeance. Fait notable, les sénateurs, acquis à la cause de Benflis, ont adopté un profil bas, comme si de rien n'était.