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De Gray à Kechiche jusqu'à... Khaled Barkat?
66E FESTIVAL DE CANNES
Publié dans L'Expression le 28 - 03 - 2013

L'Inde, malgré son Bollywood, qui fait les frais de cette nouvelle répartition des «territoires cinématographiques»
A Cannes, les Iraniens, les Américains, et d'une manière générale, les Occidentaux ne font pas mystère de leurs accointances.
Ce qui est certain, c'est que Steven Spielberg sera à la tête du jury de la compétition officielle, pour le reste, les supputations et autres fuites organisées, trop souvent, par les maisons de production, font de certains films des «événements attendus»... Il faut dire que le plus grand festival du cinéma au monde reste le rendez-vous à ne pas rater, si possible, pour tous ceux qui ont fait du 7e art, leur business... Chaque année les sommes brassées se multiplient de manière exponentielle... En millions de dollars... Et à ce niveau-là, la nature des systèmes politiques en place, n'entrent pas en ligne de compte.
A Cannes, les Iraniens, les Américains, et d'une manière générale, les Occidentaux ne font pas mystère de leurs accointances. Seule la Chine continue à faire la course en solitaire: très peu de films étrangers sont distribués du côté de Pékin, au regard de l'immensité du parc de salles, mais en retour, les oeuvres chinoises essaiment sur tous les continents! Et c'est l'Inde, malgré son Bollywood, qui fait les frais de cette nouvelle répartition des «territoires cinématographiques».
Les 100 ans du cinéma indien
C'est dire combien, du côté de Mumbaï, ex-Bombay, on serait en droit d'espérer tant de la présence de l'Inde, en tant que pays invité de cette 66e édition cannoise! Après l'Egypte (2011), le Brésil (2012). Le cinéma indien a 100 ans. Il est né avec le film de Dadasaheb Phalke Raja Harishchandra (1913). Ce sera l'occasion de revisiter l'oeuvre de cinéastes déjà aperçus sur la Croisette comme Satyajit Ray, Guru Dutt, Mrinal Sen ou Mira Nair... L'opportunité aussi de mieux se familiariser avec, entre autres, le Kollywood (le Bollywood du Sud de l'Inde) et son incontestable chef de file, Kamal Hassan, un mixte de Coppola et De Palma au goût de curry...Une légende indienne! Mais en dehors de ces noms sortis du gotha indien, les festivaliers supputent et ça y va! Certains voudraient retrouver l'ermite de Rolle (petit village suisse), Jean-Luc Godard, qui pourrait débarquer à Cannes avec Adieu au langage tourné en 3D, à 82 ans! Ce sera aussi l'occasion de retrouver Kamel Abdelli, repéré dans le Off à Avignon, en 2009, ou dans Viva Lalgérie de Nadir Moknèche... Il pourrait ne pas être le seul Algérien d'origine si, d'aventure, les films dans lesquels sont distribués Tahar Rahim, Reda Kateb et... Nabil Asli (dans le dernier opus de Amor Hakkar) étaient retenus par une des sections cannoises.
Sans compter Merzak Allouache qui aurait ainsi une belle opportunité d'initier les festivaliers avec le mode de vie sur les terrasses (d'où le titre) de la Casbah d'Alger.
Un autre Africain est à signaler, qui a dit pique et pendre (et à juste raison!) sur le Fespaco, le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun dont le film Grosgris est fin prêt pour Cannes ou... Venise.
En matière de grosses cylindrées, Sofia Coppola a de fortes chances de reprendre une revanche, sur le public qui l'avait battue à froid, en 2006, pour son sirupeux Marie Antoinette.
En renouant avec ce qui l'a fait se distinguer dans Virgin Suicides, ce monde de la jeunesse qui s'ennuie au point de sortir des clous, et qui serait l'axe nodal de son The Bling Ring, mais pour ce genre de «névrose», le meilleur client reste, sans conteste, Woody Allen, (malgré sa perte de vitesse), qui a déjà terminé Blue Jasmine... Reste que l'on verrait bien avec plaisir, monter les marches, la gamine de 9 ans, Quvenzhané Wallis (celle qui a fait douter Emmanuelle Riva, pour l'Oscar féminin 2013!), et qui a bouleversé tous ceux qui ont eu la chance de voir ce beau film, étrange, Bêtes du Sud Sauvages. la Doris Day noire est à l'affiche de Twelve Years a Slave du cinéaste féru d'art contemporain, le Black british, Steve Mac Queen déjà remarqué avec Hunger... On parle aussi avec insistance de Low Life de James Gray, de Inside Llewin Davis des Frères Coen. Mais aussi de Knight of Cups de Terrence Malick, ce qui laisse augurer d'une bronca certaine, au regard des ratages successifs de ce cinéaste qui était, il n'y a pas si longtemps, en train de négocier son statut de... Mythe!
Woody Allen, toujours là!
Un autre «prémythe», écorné celui-là depuis son dérapage verbal (contrôlé?) au sujet de ses «sympathies nazies» à Cannes, le Danois Lars Van Trier ne sera pas au rendez-vous cette année, pourtant son film, un «porno branché», commençait à faire saliver autour du palais, déjà!
Nymphomaniac, un film qui s'annonce partout en XXL (garder surtout les X) et où rien ne serait simulé, insiste-t-on, ce qui va rendre encore plus déboussolante Charlotte Gainsbourg, en passe de devenir l'actrice-fétiche du cinéaste scandinave...
Mais le scandale ne sera en tout cas pas loin (et dans plus d'un film pressenti cette année) d'autant que Michael Douglas, lors de son passage sur le tapis rouge des Oscars, avait rapidement suggéré sa présence à Cannes, et quand on sait que l'acteur est à l'affiche de Behind the candelabra, de Steven Soderbergh, on ne peut qu'être (presque) certain que la vie de l'extravagant (euphémisme) pianiste, Liberace, mort du sida en 1987, à 57 ans, va secouer plus d'un...
Le Franco-Tunisien, Abdel Kechiche, pourrait aussi faire l'événement avec Le bleu est une couleur chaude, son histoire saphique dont Léa Seydoux en est la «palette». Mais là nous pénétrons dans la «twilight zone» celle du quota français où les places sont aussi chères que rares, même si Arnaud Despleshin ou Claire Denis pourraient s' y annoncer comme des candidats potentiels à la sélection cannoise.
Au final, le jour de la conférence de presse, prévue le 18 avril, plus de 27 pays seraient en lice pour le grand show cannois... Y aurait-il une petite place, à la Quinzaine des Réalisateurs ou à la Semaine de la Critique pour le touchant premier film de Khaled Barkat Titi? En tout cas, il le mériterait bien, au regard de la belle performance livrée par Barkat qui s'annonce, d'ores et déjà, comme un cinéaste avec lequel il faudra dorénavant compter et à qui est souhaitée la bienvenue dans ce monde qu'il a déjà connu en tant qu'acteur avec Mohamed Chouikh, notamment, et son inoubliable La Citadelle.


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