Le premier ministre de la Justice, garde des Sceaux, de l'Algérie indépendante, le bâtonnier Me Ammar Bentoumi est décédé hier, à son domicile à Alger des suites d'une longue maladie, à l'âge de 90 ans, a-t-on appris auprès de ses proches. La dépouille mortelle de Me Ammar Bentoumi sera transférée demain samedi au tribunal Abane-Ramdane d'Alger-Centre où un hommage lui sera rendu par ses confrères et compagnons de lutte pour l'indépendance. Il sera enterré dans l'après-midi du même jour au cimetière de Sidi M'hamed à Bouzaréah, sur les hauteurs d'Alger. Connu pour son engagement sans faille lors de la guerre de Libération nationale, le défunt avait notamment formé le «Collectif des avocats d'Alger» en compagnie d'avocats algériens et d'autres d'origine française ayant épousé la cause nationale. Il était également connu pour la défense qu'il assurait, avec la détermination que commandaient les circonstances, au profit des détenus politiques algériens durant la guerre de Libération nationale. Après l'indépendance, il fût désigné ministre de la Justice du premier gouvernement du président Ahmed Ben Bella et restera dans l'histoire comme le tout premier garde des Sceaux de l'Algérie post-colonisation. Ses idées modérées et ses positions en faveur de la paix et la concorde lui vaudront l'estime de beaucoup de ses concitoyens. Dans un entretien à l'APS, en septembre 2012, à l'occasion du Cinquantenaire de la création du premier gouvernement de l'Algérie indépendante, Ammar Bentoumi avait salué la «sagesse» qui avait prévalu au moment de désigner ce gouvernement, en dépit des incompatibilités personnelles nées de ce qu'on a qualifié alors de «crise de l'été 1962». Pour le défunt, il fallait à l'époque «outrepasser toutes les divergences d'autant plus que la population avait investi la rue (...), et préserver la sécurité, l'unité et l'indépendance de l'Algérie afin de ne pas remettre en cause les accords d'Evian».