La cour de Bouira ouvre aujourd'hui le 45e dossier retenu à l'ordre du jour de sa session criminelle. L'affaire n'est autre que celle du renvoi décidé par la Cour suprême, conformément à la loi. En effet et de par sa composition et son fonctionnement hiérarchique, la justice algérienne permet de revenir au point de départ une fois toutes les procédures de cassation épuisées. C'est cette procédure qui vient de renvoyer l'affaire des neuf policiers présumés coupables dans un trafic de stupéfiants devant le juge, aujourd'hui à Bouira. Le dossier entre les mains de la justice concerne neuf fonctionnaires de police impliqués dans un vaste et important réseau de trafic de drogue, condamnés en première instance à Sidi Bel Abbès à de lourdes peines d'emprisonnement ferme dont 10 années fermes pour l'ex-chef de sûreté. Considéré comme le principal accusé figure l'ex-chef de sûreté de Tlemcen ainsi que son adjoint, le chef de la sûreté de la daïra de Maghnia dans la même wilaya. Comme rapporté dans notre édition du 23 février dernier, pour rappel, l'affaire dans laquelle sont impliqués neuf policiers dont l'ex-premier responsable divisionnaire à Tlemcen entre 2002 et 2005, S. Mohamed, remonte au 19 novembre 2005 quand une voiture bourrée de kif traité avait été découverte à Maghnia, une ville frontalière avec le Maroc, devant le domicile du nommé B. Boubekeur alias «Oulid El Anzi». La découverte a été faite suite à une délation par téléphone. À l'intérieur du véhicule de type Renault, les policiers munis d'un mandat de perquisition découvrent dans le coffre 275 kilogrammes de kif traité. La découverte de papiers d'identité de l'accusé, une copie de sa CNI et un extrait de naissance à son nom, et la non-fermeture des portes du véhicule garé devant son domicile, sont les deux premiers éléments qui ont confondu B. Boubekeur. La facilité déconcertante sème le doute et les enquêteurs décident d'approfondir les recherches pour connaître l'auteur de l'appel. Le préposé à la permanence du commissariat de Tlemcen avait reçu un appel faisant état de la présence de ce véhicule Renault 25 rouge où a été découverte la drogue. Le numéro inscrit sur le registre était celui d'un important baron de la drogue dans la région, un certain H.Nourreddine. Une surcharge au stylo sur le registre attire l'attention des enquêteurs qui, en interrogeant le préposé à la permanence apprendront que ce dernier avait fait l'objet de pressions de ses supérieurs pour inscrire un faux nom en mentionnant les lettres B.F devant le numéro d'une ligne du premier opérateur de téléphonie mobile laquelle ligne avait été utilisée par l'informateur. Le numéro sera identifié comme étant celui du baron de la drogue, le nommé H.Nourreddine. Le procès, qui selon les initiés risque de durer dans le temps tentera d'élucider une affaire qui arrive dans un contexte particulier. Le pays est éclaboussé par plusieurs affaires de corruption, d'atteintes à l'économie du pays. «Ces faits n'influenceront en rien la conviction des magistrats qui prononceront un verdict en leurs âmes et consciences et sur des faits avérés» nous dira un avocat.