Après moult péripéties, l'affaire des neuf officiers de police, dont l'ex-divisionnaire de Tlemcen, Senouci Mohamed, accusés de complicité avec un réseau de trafic de drogue dont le fief est basé à Maghnia, sera finalement rejugée. Le dossier vient d'être enrôlé pour l'audience du 21 novembre, devant le tribunal criminel de Bouira, a-t-on appris de source judiciaire. La Cour suprême, qui a cassé le jugement du tribunal criminel de Sidi Bel-Abbès, du 3 mai 2011, a renvoyé le dossier devant une autre juridiction, à savoir : le tribunal de Bouira, lequel a programmé le procès pour le 21 novembre. Les policiers mis en cause comparaîtront à nouveau, donc, lors de la prochaine session criminelle, précise-t-on de même source. Après avoir validé les pourvois formulés par certains condamnés, d'une part, et le parquet général, de l'autre, et compte tenu de la règle du privilège de juridiction accordé aux officiers judiciaires d'un certain rang, la Cour de cassation a décidé que soit rejugée l'affaire par le tribunal criminel de Bouira. Au premier procès, l'ex-patron de la police de Tlemcen (2002-2005) avait été condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour «complicité de trafic de drogue par une organisation criminelle et recel d'un criminel recherché». L'ex-chef de Sûreté de daïra de Maghnia, D. Djillali, avait écopé, quant à lui, de 18 mois de prison ferme, au même titre qu'un officier, M. Djamel, du même commissariat et ce, pour «dissimulation de traces de crime», en l'occurrence le caviardage intentionnel d'indications portées sur le registre des communications du commissariat. H. Nouredinne, le présumé cerveau du réseau transfrontalier de trafic de drogue, avait été condamné à la perpétuité. Deux autres barons, B. Mohamed et B. Houari, avaient écopé de 12 ans de réclusion. Deux autres trafiquants, Kh. Amar et S. Mohamed, avaient été condamnés à 10 ans de réclusion. Un autre ex-officier de police, Z. Abdelkrim, avait écopé de 2 ans d'emprisonnement. B. Boubaker avait été blanchi de toute accusation relative aux stupéfiants, la justice n'ayant retenu contre lui que la détention d'arme à feu sans autorisation: 6 mois de prison avec sursis. Les autres accusés, dont 4 ex-officiers, avaient été tous acquittés. L'affaire remonte au 19 novembre 2005, à 9h15. Le standardiste du commissariat de la daïra de Maghnia reçoit un appel téléphonique faisant état de l'existence d'une voiture remplie de kif, près du domicile d'un certain B. Boubaker, connu sous le sobriquet de «Ould El-Anzi», à Maghnia. Munis d'un mandat de perquisition, des policiers investissent les lieux. Dans une Renault 25 rouge, garée près de la maison de B. Boubaker et non fermée à clé, ils trouvent 275 kg de kif, dans le coffre. Sous le frein à main, un extrait de naissance et une copie de la carte d'identité de B. Boubaker sont posés. Ce dernier est arrêté. Ni la R 25 ni le kif qui était à l'intérieur ne lui appartiennent, selon lui. Il nie tout et crie au complot. Or, des indices convergents, dont des témoignages de voisins ayant vu, la veille, deux hommes planter le décor de la R 25 bourrée de kif, seront enregistrés à la décharge de B. Boubaker. De qui provenait l'appel ? L'officier qui reçoit le coup de fil mentionne sur le registre des appels un numéro commençant par 071 et le nom de B.F. (faux nom). Mais il biffe ensuite au stylo ces indications. Selon ses dires, il l'a fait sur ordre et sous la pression de ses supérieurs, après que ceux-ci eurent identifié le titulaire de cette ligne téléphonique mobile, H. Nouredine, un gros bonnet de la drogue. Pour l'accusation, il y a de forts soupçons que c'est ce dernier qui, depuis sa cellule de prison, a tramé le coup de la R 25 pour «mouiller» B. Boubaker. Cette piste est confortée par la découverte, le 24 décembre 2005, de 25,4 quintaux de kif dissimulés dans l'ossature métallique d'une remorque de camion de marque Mercedes-Benz, dans un parking à Ghazaouet, véhicule appartenant, selon les investigations, à H. Nouredinne. L'un des huit compartiments du plateau où était caché le kif était rempli de terre -pour que ça ne sonne pas creux lors des contrôles de barrage-. Son volume coïncidait avec celui des 275 kg trouvés dans la R 25 rouge.