«L'Algérie vient de perdre un grand homme» De nombreux amis et confrères du défunt, mais aussi des personnalités du Mouvement national et des membres du gouvernement sont venus lui rendre un dernier hommage. Maître Ammar Bentoumi a été inhumé hier au cimetière Sidi-M'hamed de Bouzaréah. Cet enterrement a eu lieu en présence de nombreux amis et confrères du défunt, mais aussi des personnalités du mouvement national et des membres du gouvernement qui sont venus rendre un dernier hommage à celui qui fut l'avocat du FLN avant de devenir le premier ministre de la Justice de l'Algérie indépendante. Mais avant son enterrement, feu Bentoumi a eu droit à une dernière «plaidoirie»... Sa dépouille a été transférée hier matin au tribunal Abane-Ramdane d'Alger-Centre pour permettre aux confrères et aux compagnons de lutte du défunt de lui rendre un dernier hommage. Parmi eux, la grande moudjahida Louisette Ighilahriz qui paraissait très affectée par la mort de celui qu'elle qualifie de grand frère. «C'est un grand frère pour moi, mais aussi un grand moudjahid qui a tout fait pour empêcher les condamnations à mort de ses frères d'armes. Je suis là pour lui rendre un dernier hommage. Je présente à la famille du défunt mes sincères condoléances», a-t-elle témoigné très émue. L'émotion était également au rendez-vous chez sa consoeur, Maître Imessaoudène Saliha qui a fondu en larmes au moment où la dépouille est arrivée dans le hall du tribunal où a été lue la Fatiha en sa mémoire. «Je ne l'ai pas connu personnellement, mais j'ai connu tout ce qu'il a fait pour l'Algérie. C'est pour cela que je l'admire et que sa mort m'a beaucoup affectée. Je suis vraiment triste, l'Algérie vient de perdre un grand homme que Dieu donne la paix à son âme», a-t-elle souligné, les larmes aux yeux. Maître Kamel Rezag Bara, conseiller du président de la République et ex-président de l'Ondh est également venu rendre un dernier hommage à son aîné. «Il a toujours été un exemple pour nous les avocats. Quand je suis rentré au barreau dans les années 1970, il était bâtonnier. Nous étions stagiaires et nous allions assister à ses plaidoiries afin d'apprendre de lui. J'ai le souvenir d'un grand homme qui restera pour moi un exemple», a-t-il fait savoir. Le patron de la Centrale syndicale Ugta, Madjid Sidi-Saïd était également venu rendre un dernier hommage à celui qu'il qualifie d' «icône». «Nous avons perdu une icône, un homme humble et simple qui a beaucoup donné à l'Algérie. Nous devons être à la hauteur de l'héritage qu'il nous a laissé», a insisté Sidi-Saïd. Le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbès et celui de la Justice, Mohamed Chorfi, étaient aussi venu rendre hommage au bâtonnier Bentoumi qui est décédé vendredi en son domicile à Alger des suites d'une longue maladie, à l'âge de 90 ans. Connu pour son engagement sans faille lors de la guerre de Libération nationale, le défunt avait notamment formé le «collectif des avocats d'Alger» en compagnie d'avocats algériens et d'autres d'origine française ayant épousé la cause nationale. Il était également connu pour la défense qu'il assurait, avec la détermination que commandaient les circonstances, au profit des détenus politiques algériens durant la guerre de Libération nationale. Après l'indépendance, il fut désigné ministre de la Justice du premier gouvernement du président Ahmed Ben Bella et restera dans l'histoire comme le tout premier garde des Sceaux de l'Algérie indépendante.