Le chef de l'Etat français arrive au Maroc au moment où l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental achève sa tournée au Maghreb. François Hollande sera attendu sur la question sahraouie. Elle sera inévitablement au menu des discussions entre le souverain marocain et le successeur de Nicolas Sarkozy à l'Elysée. Que se diront les deux hommes? Il est prévisible que Paris réitère son soutien au plan d'autonomie marocain. François Hollande s'y pliera-t-il de bon gré à la volonté de Mohammed VI? La France qui traverse une crise économique féroce veut arracher des parts de marché et des contrats pour essayer de desserrer l'étau. C'est donc un président dont l'impopularité a atteint un record historique qui part en quête de débouchés qui lui permettront de relancer la machine économique de son pays et rétablir la confiance perdue avec les Français. Le leader socialiste peut faire fi, dans ces conditions, de certains principes qui ont distingué la gauche de la droite française: le droit des peuples à l'autodétermination. En ce qui concerne le conflit du Sahara occidental, la position officielle de la France n'a guère évolué. Le soutien à la proposition marocaine a été constant quelle que soit la couleur du gouvernement au pouvoir. «La France, comme d'ailleurs le Conseil de sécurité, juge intéressante la proposition marocaine qui mérite d'être discutée», avait déclaré, au mois de mars 2009, l'ex-chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique. Des propos qui ont été renforcés par ceux de l'ancien Premier ministre français de l'époque. «Cette proposition d'autonomie constitue la base la plus pertinente pour sortir de l'impasse. La France encourage les négociations autour de la proposition marocaine...», avait réaffirmé François Fillon, lors d'une conférence de presse qui avait clôturé les travaux de la 10e réunion de haut niveau franco-marocaine à Paris, au mois de juillet 2010 (voir L'Expression du 24 octobre 2012). Que dit aujourd'hui François Hollande? «La position de la France ne change pas: une résolution de l'ONU et le projet d'autonomie, intéressant, mais qui n'avance pas», a confié à l'hebdomadaire panafricain, Jeune Afrique, l'actuel locataire de l'Elysée avant de s'envoler pour sa première tournée en Afrique, au mois d'octobre 2012. Le chef de l'Etat français arrive au Maroc au moment où l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental qui achève sa tournée au Maghreb tente de renouer les fils du dialogue entre le Front Polisario et le Maroc. Une visite qui intervient au moment où de nombreux rapports font cas de l'utilisation de la torture par les forces de répression marocaines contre les militants des droits de l'homme sahraouis alors que le contexte géopolitique dans la région est explosif. «Le conflit actuel au Mali et les risques d'instabilité dans le Sahel et au-delà accentuent l'urgence de trouver une solution au conflit sur le Sahara occidental...», a prévenu le diplomate onusien. «La situation dans la région du Sahel et son voisinage rend une solution plus urgente que jamais. À cet égard, j'ai eu des entretiens approfondis avec les dirigeants marocains sur le meilleur moyen de faire avancer le processus de négociation», avait indiqué le diplomate américain au cours d'un point de presse organisé à l'issue de son entretien avec le chef de la diplomatie marocaine, Saâd Dine El Otmani. De quel côté penchera le président français? Il est pratiquement certain qu'il renouvellera la confiance de son pays à Christopher Ross. Quant à l'autodétermination, c'est probablement une ligne rouge qu'il n'osera pas franchir...