La richesse d'un pays réside dans le respect de la diversité culturelle et linguistique. Intégrée dans le secteur de l'éducation nationale depuis 1995, sous la pression «des enfants du boycott» qui ont marqué une année blanche et ce, afin de faire de tamazight une langue nationale et officielle en Algérie. Depuis, l'enseignement de tamazight meurt, recule et disparaît de plus en plus dans les écoles algériennes. Faute d'une académie de tamazight et autres institutions de recherche scientifiques qui prennent en charge l'évolution de cette langue millénaire, tamazight stagne. A l'exception des trois wilayas, Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira qui continuent d'assurer, vaille que vaille, les cours en langue amazighe, le reste des wilayas du pays, même celles berbérophones comme Batna, Ghardaïa, Illizi, El Bayadh, Tlemcen et plus, ont laissé tomber cette langue qui appartient pourtant à tous les Algériens sans exception. Pis encore, l'enseignement de la langue est assuré de manière anarchique au point de faire fi des recommandations liées au choix de la transcription de la langue. «Chaque région enseigne tamazight comme bon lui semble», a souligné Youcef Merahi, secrétaire général du HCA (Haut-commissariat à l'amazighité). C'est un secret de polichinelle. L'absence de volonté politique pour la promotion et le développement de la langue amazighe à l'école, est une réalité connue de tous. Pour démontrer la démission de l'Etat en matière de prise en charge politique de tamazight, Abderrzak Dourrari, directeur du Cnplet, n'a pas mâché ses mots quand il a regretté le fait que le HCA n'a pas officiellement de commissaire depuis le décès du défunt Idir Aït Amrane, en 2005, alors que l'Académie de la langue arabe vient de connaître un nouveau directeur après quelques mois de vacance de ce poste. Selon les voeux de l'administration locale, le Sud algérien enseigne la langue en tifinagh, à l'est du pays en langue arabe et au centre du pays en latin où elle enregistre un taux de 90% d'éleves suivant les cours en latin. L'enseignement de tamazight et suspendu au Kabyle, Chaoui, Mozabite et Tergui d'où la nécessité de l'intervention de l'aspect scientifique. Cela, afin d'élever le niveau et la qualité de son enseignement dans tous les cycles scolaires concernés. Pratiqué dans la clandestinité depuis les années 1940 par le défunt linguiste Mouloud Mammeri et autres enseignants qui l'ont défendu au péril de leur vie et de leur liberté, avant qu'il ne soit supprimé en 1973 par le régime dictatorial de l'époque, l'enseignement de la langue amazighe a disparu dans plusieurs wilayas. Tilmatine Mohand, spécialiste des langues cultures amazighes, responsable du groupe de recherche en langues et sociétés arabes et amazighes, professeur des universités à l'Université de Cadix, en Espagne, a rétabli les choses dans leur ordre. «Au-delà des problèmes strictement linguistiques qui sont plus ou moins gérables, il y a surtout des problèmes extralinguistiques qui relèvent des institutions et qui sont fondamentalement de type idéologique. La richesse du pays réside dans sa diversité et non pas dans l'unicité linguistique ou culturelle», a-t-il souligné, avant d'ajouter qu'il y a une grande différence quand on dit Kabyle ou Amazighe. L'amazighité englobe d'autres richesses, à savoir le Kabyle, le Chaoui, le Tergui, le Chenoui, le Chelhi etc... Au sujet des noms berbères qui ne sont pas acceptés dans certaines administrations des APC, le problème semble être pris en charge par les services concernés, a-t-on appris auprès de M. Bilek, responsable au HCA et ce, en saisissant officiellement le ministère de l'Intérieur qui a promis de régler la situation. Mouloud Boulsane, représentant du ministère de l'éducation, a réagi au sujet de tamazight. «L'exposé du HCA permet au ministère de l'Education nationale, de connaître la réalité du terrain afin d'y revenir sur l'enseignement de la langue amazighe», avant d'ajouter que le ministère a programmé des budgets assez importants pour renforcer les moyens humains et matériels en termes de formation de formateurs et le recrutement des enseignants pour la prochaine rentrée scolaire 2013/2014, tout en reconnaissant les insuffisances, d'une part, et promettre d'autre part, en appelant à la mobilisation des compétences pour les besoins, et l'amélioration de la place de tamazight à l'école algérienne. Pour répondre, déficits des recrutements pour l'enseignement de la langue amazighe pour la prochaine saison scolaire, le ministère de l'Education a programmé, dans son agenda, deux rencontres régionales de quatre jours, à savoir les 10 et 11 et les 17 et 18 avril 2013, afin de recenser les besoins et dégager les budgets nécessaires à l'évolution de cette langue marginalisée dans son propre pays..