Les participants à la rencontre-débat autour de la Journée internationale de la langue maternelle, célébrée jeudi dernier au centre culturel de la Radio nationale, ont souligné la nécessité d'une prise en charge soutenue de tamazight et de l'arabe algérien avec leurs différentes variantes, étant donné qu'ils constituent le premier vecteur de l'identité algérienne. Fait inquiétant : l'Unesco annonce que plus de 50% des 6700 langues parlées dans le monde sont en danger de disparition, alors que 96% d'entre elles ne sont parlées que par 4% de la population mondiale. Des chiffres qui font dire au directeur général de la Radio nationale, Azzedine Mihoubi, que les langues locales subissent une pression du fait de la mondialisation. Il annonce l'élaboration prochaine d'un dictionnaire faisant ressortir un lexique de la langue amazighe en veillant à favoriser la standardisation et l'intégration de ses variantes. Pour sa part, le secrétaire général du Haut commissariat à l'amazighité (HCA), Youcef Merahi, regrette le fait que la langue amazighe soit toujours considérée comme facultative à l'école, une situation qui pénalise son développement. « Il n'y a pas un seul enseignant formé depuis dix ans », déplore-t-il, en reconnaissant toutefois que tamazight a évolué et est devenue une réalité dans le pays. « On pourra faire mieux », suggère-t-il, citant le cas du Maroc qui introduit la langue amazighe dès la première année du primaire. Prenant la parole, le directeur de la Chaîne II, Mohamed Badreddine, indique que le volume horaire diffusé par cette chaîne (dont les 10 stations régionales et les 2 chaînes thématiques) en 2006 a atteint 14 400h de programmes en 8 variantes linguistiques. Il ajoute qu'avec l'avènement des radios régionales, les spécificités culturelles et linguistiques sont mieux prises en charge. Il cite les dix radios régionales, dont Soummam, Adrar, Batna, Ouargla, Tamanrasset, Ghardaïa, Tindouf, Illizi, Chlef et Bahdja qui ont totalisé un volume horaire de diffusion de 5541 de programmes en 2006 avec les variantes linguistiques telles que le kabyle, le mozabite, le chaoui, le chenoui, le zenati, le ouargli, le tergui et le hassania. « L'intégration des différentes variantes linguistiques à la Chaîne II a été non seulement un facteur d'enrichissement et de diversité culturelle et linguistique, mais aussi une fenêtre qui a permis à notre chaîne de s'ouvrir sur tout le territoire national, principalement les régions amazighes », explique l'orateur, en plaidant toutefois pour une nouvelle forme d'intégration de ces variantes linguistiques. Dans cette optique, il a été retenu l'organisation d'un colloque avec la participation de spécialistes en linguistique et en communication pour réfléchir sur la meilleure voie de réussir l'intégration de ces variantes à la Chaîne II. En conclusion, Mme Zellal, professeur à l'université d'Alger, et M. Dourari, professeur en sociolinguistique, ont mis l'accent sur la prise en charge des langues maternelles, dont l'arabe algérien, pour éviter la rupture affective et cognitive de l'élève à l'école.