Déjà au plus bas dans les sondages, François Hollande se voit pris au piège de crises qui le prennent à contre-pied L'affaire Cahuzac éclate alors que le président Hollande, après seulement dix mois de mandat, doit faire face à des difficultés multiples: chômage en hausse, report des objectifs de réduction des déficits, impopularité... En grande difficulté face à la crise économique et sociale en France, le président socialiste François Hollande se retrouve au coeur d'une crise politique après les aveux de mensonges de son ex-ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, qui ont plongé son camp dans l'embarras. Pressé par l'opposition de droite de s'expliquer, le chef de l'Etat devait faire diffuser en milieu de journée (hier) une déclaration enregistrée avant de partir pour une visite officielle au Maroc. L'affaire Cahuzac éclate alors que le président Hollande, après seulement dix mois de mandat, doit faire face à des difficultés multiples: chômage en hausse, report des objectifs de réduction des déficits, impopularité, mobilisation persistante des adversaires du mariage homosexuel... Président de la République, Premier ministre, ministres, Assemblée nationale, grands médias...: Jérôme Cahuzac, chargé au sein du gouvernement de lutter contre la fraude fiscale, a menti devant tout le monde pendant plus de trois mois en niant qu'il détenait un compte à l'étranger, comme l'affirmait dès le 4 décembre le site d'information Médiapart. L'enquête judiciaire menée en Suisse a permis d'établir l'existence du compte non déclaré de M. Jérôme Cahuzac à la suite de perquisitions à la banque UBS et chez la société Reyl et Cie, selon le quotidien suisse Le Temps. Néanmoins, l'ancien ministre, qui a démissionné le 19 mars après l'ouverture d'une information judiciaire, a nié «les yeux dans les yeux» face à François Hollande comme lors de tête-à-tête avec plusieurs ministres, ont affirmé plusieurs d'entre eux comme l'entourage du président. «Cahuzac s'est exclu de fait du Parti socialiste, il n'en sera plus membre», a annoncé hier son responsable, Harlem Désir, alors que l'ex-ministre, 60 ans, pouvait, selon le droit constitutionnel, redevenir député dans trois semaines. Cette ligne de défense n'a cependant pas convaincu jusqu'à présent ni l'opposition de droite, l'UMP, ni même une partie de la gauche. «Qui peut croire aujourd'hui que François Hollande et (le Premier ministre) Jean-Marc Ayrault n'étaient au courant de rien?», a proclamé le président de l'UMP Jean-François Copé, en sommant le président de s'expliquer» «beaucoup plus profondément devant les Français». «Où s'arrête la chaîne du mensonge? Qui savait et n'a rien dit?», a aussi demandé le chef de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon. «Comment peut-on se dire que le ministre (de l'Economie Pierre) Moscovici, lui non plus ne savait rien alors que c'est lui le ministre essentiel de Bercy? J'ai vraiment beaucoup de mal à croire que personne ne savait rien», a-t-il ajouté. Début février, Pierre Moscovici avait confirmé qu'il avait reçu un document des autorités suisses dans le cadre de l'enquête Cahuzac sans toutefois en dévoiler le contenu. Le député UMP Claude Goasguen a réclamé hier «dans les plus brefs délais» la démission du ministre de l'Economie qui avait autorité dans ses fonctions sur Jérôme Cahuzac. «Evidemment que François Hollande savait», a déclaré péremptoire le vice-président du Front national (extrême droite), Florian Philippot, dont le parti a dénoncé «une affaire d'Etat».