La Corée du Nord a empêché hier les employés sud-coréens d'entrer dans le complexe industriel intercoréen de Kaesong, poussant Séoul à ne pas exclure une action militaire pour protéger ses ressortissants. Le complexe de Kaesong, situé en territoire nord-coréen et symbole de la coopération entre les deux pays, est ainsi devenu le dernier foyer de crispation dans la péninsule coréenne qui connaît une très nette escalade des tensions. «Le Nord nous a indiqué ce matin qu'il n'autoriserait que les départs depuis Kaesong et interdirait les trajets vers» le complexe, a déclaré hier Kim Hyung-Suk, porte-parole du ministère sud-coréen de l'Unification, en charge des relations entre les deux pays. Séoul a prévenu qu'il disposait d'un plan d'urgence, qui prévoit un possible recours à la force, pour garantir la sécurité de ses citoyens travaillant à Kaesong. Les 484 Sud-coréens qui devaient se rendre au sein du complexe n'ont pas été autorisés à le faire par la Corée du Nord, selon le ministère. Sur les 861 Sud-coréens présents à Kaesong hier, 33 avaient quitté le site hier après-midi, des centaines ayant décidé de rester pour assurer le bon fonctionnement des entreprises. «Nous avons préparé un plan d'urgence, y compris une possible action militaire, en cas de situation grave», a fait savoir le ministère de la Défense à propos de la protection des Sud-coréens sur le site. «Ici, ça marche comme d'habitude. Il ne semble pas que le site sera fermé», a déclaré un cadre sud-coréen depuis l'intérieur du site d'un ton calme. La zone industrielle implantée à 10 km à l'intérieur de la Corée du Nord a été inaugurée en 2004 dans une volonté symbolique d'établir une coopération entre les deux Corée. La Russie s'est dite très préoccupée par la situation «explosive, à proximité de (ses) frontières en Extrême-Orient», tandis que la Chine, seul allié de poids de Pyongyang, a demandé à «toutes les parties concernées de garder leur calme et de faire preuve de retenue». La France a souhaité hier pour sa part que la Chine, qui a «du pouvoir sur la Corée du Nord», intervienne dans la crise, par la voix de son chef de la diplomatie, Laurent Fabius, qui a indiqué que la France a «(...) demandé une réunion du Conseil de sécurité» de l'ONU, qui a ajouté qu'il se rendrait «en Chine à la fin de la semaine prochaine». A Berlin, un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Andreas Peschke, a également appelé la Chine à jouer un rôle apaisant vis-à-vis de Pyongyang. «Nous attendons de la Chine, qui a un rôle particulier, en tant que voisin et jusqu'ici plus important allié de la Corée du Nord, de jouer ce rôle de façon responsable et apaisante», a-t-il dit hier. Dans son bras de fer avec la Corée du Sud et les Etats-Unis, la Corée du Nord a été plus loin mardi en annonçant son intention de redémarrer un réacteur nucléaire arrêté en 2007 en dépit des résolutions de l'ONU lui interdisant tout programme atomique. En réaction, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a dénoncé, au côté de son homologue sud-coréen Yun Byung-se, «la rhétorique inacceptable (...) du gouvernement nord-coréen ces derniers jours».