Synthèse de la rédaction internationale Un député de l'opposition soutenu par Washington et Ryad est en passe d'être désigné Premier ministre au Liban, Tammam Salam, deux semaines après la démission du gouvernement au sein duquel le Hezbollah pro-syrien et ses alliés étaient très influents. Le choix qui s'est porté sur M. Salam, connu pour être une personnalité modérée, est intervenu au moment où la démission du gouvernement de Najib Mikati a provoqué des craintes d'une déstabilisation du Liban, déjà fragilisé par la guerre en Syrie voisine. Député de Beyrouth âgé de 67 ans, il a d'ores et déjà reçu le soutien de la majorité des groupes parlementaires, dont celui de l'opposition et ceux des alliés du puissant Hezbollah chiite. Ce dernier ne s'est pas encore prononcé publiquement mais selon les médias il devrait appuyer sa candidature. Le président Michel Sleimane avait entamé vendredi ses consultations en vue de la nomination du futur Premier ministre, qui doit être annoncée aujourd'hui. La candidature de M. Salam est considérée par les forces politiques comme une occasion de jeter les ponts entre le camp du Hezbollah, allié indéfectible de Damas, et l'opposition dirigée par Saad Hariri, farouchement hostile au régime de Bachar al-Assad et à l'arsenal du parti chiite. C'est «une chance pour rétablir la paix entre Libanais», a affirmé Nabih Berri, allié du Hezbollah et président du Parlement. «Toutes les parties au Liban veulent apaiser les tensions (...) en attendant que la situation en Syrie soit plus claire», affirme Hilal Khachane, professeur de sciences politiques à l'Université américaine de Beyrouth. Le 22 mars dernier, M. Mikati a démissionné après des divergences avec le Hezbollah liées au conflit en Syrie, M. Mikati prônant une politique de neutralité alors que le Hezbollah défendait ouvertement le régime. Le parti chiite était surtout opposé à la prolongation du mandat du chef de la police, Achraf Rifi, un sunnite hostile au régime syrien. Au sein de l'opposition, Tammam Salam est considéré comme une voix modérée en comparaison avec les «faucons» farouchement hostiles au Hezbollah et à son arsenal. «M. Salam est la voix de la modération (...) il n'a jamais dit un mot de mal contre la résistance (Hezbollah)», estime Walid Joumblatt, leader druze dont la position «centriste» fait de lui un «faiseur de rois» dans la politique libanaise. D'après les experts et les médias, c'est l'Arabie saoudite, poids lourd au Liban, qui a poussé en faveur du député de Beyrouth. En choisissant une personnalité acceptable pour la Syrie, puissance de tutelle durant 30 ans au Liban, et le Hezbollah, «les Saoudiens veulent éviter toute dissension entre sunnites et chiites au Liban», souligne M. Khachane. Le futur gouvernement fera l'objet d'intenses tractations, des responsables se prononçant pour un gouvernement d'union nationale. «Je serai opposé à tout gouvernement monochrome», a prévenu M. Joumblatt. Le futur gouvernement doit gérer les prochaines législatives, prévues en juin mais menacées de report faute d'accord sur une nouvelle loi électorale. Tammam Salam, qui appartient à l'une des grandes familles politiques du Liban, est le fils de Saëb Salam qui a été six fois Premier ministre entre 1952 et 1973. Il a été élu député de Beyrouth en 1996 et 2009 sur les listes de Rafic Hariri (assassiné en 2005), puis celle de son fils Saad Hariri. Il a fait des études d'économie et de gestion en Angleterre, est marié et père de trois enfants.