Tammam Salam, une personnalité politique de consensus appelée à rapprocher l'opposition, soutenue par l'Occident et l'Arabie saoudite, et le camp du Hezbollah, allié de Téhéran et de Damas, a été nommé samedi nouveau Premier ministre du Liban. "Le président de la République Michel Sleimane a chargé M. Salam de former un gouvernement", a annoncé la présidence en début d'après-midi. La nomination de ce membre modéré de l'opposition survient deux semaines après la démission du gouvernement de Najib Mikati, au sein duquel le camp du Hezbollah était très influent, qui a suscité des craintes d'une déstabilisation du Liban, déjà fragilisé par la guerre en Syrie voisine. Député de Beyrouth âgé de 67 ans, Tammam Salam avait reçu le soutien de la majorité des groupes parlementaires, dont celui de l'opposition, du puissant mouvement chiite Hezbollah et de ses alliés ainsi que de Walid Joumblatt, leader druze dont la position "centriste" fait de lui un "faiseur de rois". Le Parlement libanais, formé de 128 députés, comprend 61 députés de la coalition du Hezbollah et ses alliés, 60 de l'opposition et sept du groupe de M. Joumblatt. En vertu du système politique libanais basé sur un partage du pouvoir à base confessionnelle, le poste de président de la République est attribué à un chrétien maronite, celui de Premier ministre à un musulman sunnite et celui du chef du Parlement à un musulman chiite. La nomination de M. Salam peut être l'occasion de jeter des ponts entre le camp du Hezbollah, allié indéfectible de Damas, et l'opposition dirigée par Saad Hariri, farouchement hostile au régime de Bachar al-Assad et à l'arsenal du parti chiite. Le 22 mars, M. Mikati avait démissionné après des divergences avec le Hezbollah liées au conflit en Syrie qui divise profondément le Liban entre partisans et adversaires du régime de Damas, ancienne puissance de tutelle pendant 30 ans.