Au plus bas dans les sondages en France, confronté à des demandes répétées de l'opposition d'un remaniement gouvernemental après les aveux de son ex-ministre du Budget (...) le président socialiste a voulu afficher sa fermeté. François Hollande a tenté hier de rétablir son autorité présidentielle, mise à mal par le scandale Jérôme Cahuzac, en annonçant une lutte intraitable contre les contribuables fraudeurs et sa volonté d' «éradiquer» les paradis fiscaux «en Europe et dans le monde». Il y a la «nécessité d'une lutte implacable contre les dérives de l'argent, la cupidité et la finance occulte». «Les paradis fiscaux doivent être éradiqués en Europe et dans le monde parce que c'est la condition pour préserver l'emploi», a déclaré lors d'une conférence de presse impromptue le chef de l'Etat, à l'issue du Conseil des ministres hebdomadaire. Au plus bas dans les sondages en France, confronté à des demandes répétées de l'opposition d'un remaniement gouvernemental après les aveux de son ex-ministre du Budget sur sa détention d'un compte bancaire à l'étranger depuis une vingtaine d'années, le président socialiste a voulu afficher sa fermeté. Pour le chef de file des députés UMP (opposition), Christian Jacob, les mesures annoncées par François Hollande ne sont toutefois «pas du tout à la hauteur du scandale qui touche le gouvernement». «L'opération de diversion continue», a-t-il dénoncé. Le chef de l'Etat a annoncé que les banques françaises allaient à l'avenir devoir publier la liste de leurs filiales à l'étranger, avec la nature de leurs activités. Il veut que «cette obligation soit également appliquée au niveau de l'Union européenne et demain étendue aux grandes entreprises». Sur la moralisation de la vie politique française, François Hollande a exclu tout retour à l'Assemblée nationale de Jérôme Cahuzac comme la loi l'y autorise et comme ce dernier en caresse l'idée selon des sources parlementaires. «Il y a, je pense, une question de conscience», a dit le président, en évoquant les démentis de son ex-ministre au Parlement. Il a aussi pris la défense de son ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, accusé par l'opposition d'avoir protégé Jérôme Cahuzac, soumis à sa tutelle. Et tapé du poing sur la table au sujet de ses ministres qui se permettent de critiquer le Premier ministre ou de remettre en cause sa politique. «Aucun ministre ne peut remettre en cause la politique qui est conduite», a dit le chef de l'Etat, qui célébrera en mai le premier anniversaire de son quinquennat et alors que plusieurs membres de son gouvernement viennent de critiquer la rigueur budgétaire. «Le sérieux, c'est le cap, la croissance, c'est l'objectif, l'emploi, c'est l'exigence. Cette politique, elle a été fixée, je n'en changerai pas», a-t-il insisté, en assurant que ce n'est pas celle de l'austérité. L'affaire Cahuzac, qui a provoqué un séisme politique en France, va donner lieu à un projet de loi de moralisation de la vie publique, présenté le 24 avril. Elle se traduit depuis plusieurs jours par un vif débat dans la société française sur la publication des patrimoines des élus. «La défaillance d'un homme ne doit pas jeter le discrédit, le soupçon sur les élus qui se dévouent pour le bien public sans en retirer le moindre avantage», a aussi demandé François Hollande. Sur son injonction, ses ministres ont commencé à publier leur patrimoine, s'attirant parfois des ricanements ou de l'ironie, notamment sur les réseaux sociaux, voire du dédain de l'opposition.