La société canadienne dit coopérer avec les autorités algériennes dans l'enquête sur le versement présumé de pots-de-vin à des responsables algériens lors de contrats pétroliers. L'entreprise canadienne, SNC Lavalin, dont le nom a été cité à plusieurs reprises dans les dernières affaires de corruption ébruitées par la presse algérienne, et par la voix de son actuel vice-président, se disculpe de toute implication directe dans ces affaires qui défraient la chronique. En effet, et même s'il ne les nie pas expressément, Charles Shbel, haut responsable de cette entité installée dans notre pays depuis près de cinquante ans, explique dans un long entretien accordé à un confrère, que les contrats douteux n'engagent que les personnes qui les ont initiés et n'entament en rien la crédibilité de la société. Mieux, à en croire ce dernier, SNC Lavalin coopère avec les autorités algériennes dans l'enquête sur le versement présumé de pots-de-vin à des responsables algériens lors de contrats pétroliers. En guise de réponse à une question relative à l'affaire impliquant un agent de SNC Lavalin, un Algérien ayant fait ses études à Montréal, Farid Bedjaoui, ce neveu de l'ancien ministre algérien aurait obtenu pour le groupe un milliard de dollars de contrats avec le groupe pétrolier public algérien Sonatrach. Il a répondu: «Si malversation il y a, ce sera, à ce moment-là, le fait d'individus.(...) SNC Lavalin a sous-traité des contrats de certains marchés à des entreprises dont M. Bedjaoui était actionnaire. (...) c'est tout ce qu'on sait sur lui.» Alger a ordonné, en février, l'ouverture d'une enquête sur une éventuelle affaire de corruption liée à des contrats entre le géant énergétique italien Eni et Sonatrach, après l'ouverture d'une enquête sur la même affaire par le parquet de Milan. SNC Lavalin a connu ces dernières années quelques cas de corruption, concernant des contrats conclus en Libye du temps du régime d'El Gueddafi, mais aussi à Montréal même. Ces affaires n'ont pas encore d'aboutissement judiciaire, mais ont entraîné la démission puis l'arrestation du N°1, Pierre Duhaime, et l'arrestation en Suisse de Riadh Ben Aïssa, ancien chef des opérations internationales de construction et prédécesseur de M. Shbel. C'est l'enquête suisse sur les agissements de Ben Aïssa qui aurait révélé que SNC Lavalin aurait fait des versements suspects à des compagnies contrôlées par M. Bedjaoui. Sur un autre chapitre, la justice a diligenté un groupe d'investigateurs afin de réunir tous les documents et pièces propres au dossier de la société mixte algéro-américaine BRC, qui était détenue par Sonatrach à hauteur de 51% et par Brown Root &Condor BRC. à hauteur de 49%. Cette dernière était la filiale de la société américaine Halliburton de l'ancien vice-président Dick Cheney. La justice s'échine à passer sous la loupe des épisodes de ce qui est dénommé Sonatrach II. Il s'agit, notamment des contrats signés durant les années 2000 et qui auraient «avantagé» les compagnies américaines par rapport aux compagnies concurrentes, moyennant «des commissions occultes». Des pots-de-vin qui seraient autrement plus élevés que ceux versés par la société italienne. Trop de contrats soulèvent des soupçons! La compagnie KBR a, à elle seule, «remporté dans des conditions douteuses» quatre gros marchés, entre autre, celui d'In Amenas portant sur la collecte du gaz fluide hydrocarboné, est-il rapporté.