Le géant de l'ingénieurie canadien SNC Lavalin coopère avec les autorités algériennes dans l'enquête sur le versement présumé de pots-de-vin à des responsables algériens lors de contrats pétroliers, selon son vice-président Charles Schebl, interrogé mercredi par la presse algérienne. Le groupe "collabore avec les autorités algériennes et canadiennes pour tirer au clair tout cela et permettre à la vérité d'éclater", a-t-il déclaré au quotidien francophone Liberté. M. Schebl répondait à une question sur l'affaire impliquant un agent de SNC Lavalin, un Algérien ayant fait ses études à Montréal, Farid Bedjaoui. Ce neveu d'un ancien ministre algérien aurait obtenu pour le groupe un milliard de dollars de contrats avec le groupe pétrolier public algérien Sonatrach. "Si malversation il y a, ce sera, à ce moment-là, le fait d'individus.(...) SNC Lavalin a sous-traité des contrats de certains marchés à des entreprises dont M. Bedjaoui était actionnaire. (...) c'est tout ce qu'on sait sur lui", a ajouté le vice-président du groupe canadien. Alger a ordonné en février l'ouverture d'une enquête sur une éventuelle affaire de corruption liée à des contrats entre le géant énergétique italien Eni et la Sonatrach, après l'ouverture d'une enquête sur la même affaire par le parquet de Milan. SNC Lavalin a connu ces dernières années quelques cas de corruption, concernant des contrats conclus en Libye du temps du régime Kadhafi, mais aussi à Montréal même. Ces affaires n'ont pas encore d'aboutissement judiciaire, mais ont entraîné la démission puis l'arrestation du numéro un, Pierre Duhaime, et l'arrestation en Suisse de Riadh Ben Aïssa, ancien chef des opérations internationales de construction et prédécesseur de M. Shebl. C'est l'enquête suisse sur les agissements de Ben Aïssa qui aurait révélé que SNC Lavalin aurait fait des versements suspects à des compagnies contrôlées par M. Bedjaoui. Le président algérien Abdelaziz Bouteflika avait assuré en mars que l'Etat "n'hésitera pas à demander des comptes à toute personne coupable aux yeux de la loi". Plusieurs hauts responsables, dont l'ex-ministre de l'Energie Chakib Khelil, démis de ses fonctions fin mai 2010 après avoir occupé ce poste durant dix ans, sont soupçonnés d'être impliqués dans ce scandale, selon la presse.