La fine équipe presque au complet Une fois n'est pas coutume, l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel reçoit actuellement entre ses arcades de la villa Abdeltif une résidence consacrée à la création littéraire. Une première. Un projet bilatéral algéro-français, entre Paris et Alger. Il est coorganisé par l'Aarc et les éditions qui aiment les différences (Leqald). Débutée le 1er avril, cette résidence durera deux mois et s'étalera donc jusqu'au 31 mai. Elle réunis cinq auteurs et cinq illustrateurs afin qu'ils puissent créer cinq livres jeunesse bilingues. Il s'agira de cinq jeunes auteurs et cinq illustrateurs algériens et français, qui travailleront ensemble afin d' imaginer, créer et réaliser ces livres. «Cette résidence de Dar Abdeltif inaugure la première escale du projet «maisons d'éditons temporaires» entre les deux rives de la Méditerranée qui consolide les liens interculturels où chacun apporte ses différences pour créer ensemble», peut-on lire dans le communiqué de l'Aarc. Rappelons que Dar Abdeltif est un espace de création riche en histoire. L'équipe Leqald est composée comme suit: côté auteurs, on trouve Jessica Chekroun qui vit et travaille à Paris. «La première histoire que j'ai écrite est une aventure dans ma résidence à Fort-de-France en Martinique, bercée par la collection Rose que ma mère lisait enfant, sur fond de petites filles modèles. Je me souviens aussi de mon premier livre échangé avec mon père, Siddharta, de Herman Hesse, et du bonheur de cette lecture partagée. Je voyageais déjà. La curiosité de l'humain dans sa diversité n'est pas sans rapport avec mon arbre généalogique, réminiscence des exodes familiaux, la thématique de l'exil s'impose constamment à moi. J'ai donc commencé par une maîtrise de sociologie sur «les migrations et les relations inter-éthniques». Dans ma vie, il y a la photographie et mes premiers appareils photos que je conserve toujours dans leur boîte, comme autant de totems de mon initiation. Il y a aussi mon oncle parisien, mon Albert Londres à moi, qui m'apprend à jouer aux échecs, et me fait rêver avec ses histoires récoltées aux quatre coins du monde lors de ses reportages. Mon désir d'écrire, d'être journaliste est aussi venu avec ma passion du snowboard, et mon envie, moi aussi, de suivre ces champions pour raconter leurs histoires», confie-t-elle. Parmi les autres auteurs, il y aussi Meryam Djeghri qui vit et étudie à Alger. Elle est étudiante en journalisme et écrivaine amateure, passionnée de littérature, de bande dessinée et de cinéma. Sofiane Djebbar, 27 ans, quant à lui, vit à Mascara. Il participe à la vie associative au sein de l'association culturelle Emir Abdelkader et coanime un ciné-club hebdomadaire. Il aime lire et écrire dans des registres différents (BD, fantastique, polar, histoire...etc) avec un penchant pour Chester Himes, Voltaire et la littérature de science-fiction. Il travaille actuellement sur une BD fantastique. Jean-Yves Hamon, pour sa part, vit et travaille à Barcelone. Il s'est construit en parlant et en écrivant deux langues, le français et l'espagnol. «En grandissant, je suis devenu réalisateur et scénariste, j'ai continué à jouer avec différents langages. Je n'ai jamais su ni pu travailler seul. A chaque étape d'un film ou d'un scénario, je collabore avec des artistes n'ayant pas les mêmes codes que moi, pour ouvrir de nouveaux horizons En lisant le projet de Leqald je me suis dit qu'il réunissait toutes les facettes de mon métier, en un seul et même projet. Je n'ai pas pu résister à l'envie de participer et de manipuler, une fois de plus, de nouveaux codes et langages.» Enfin, Anis Saïdoune vit et étudie à Alger. Il est étudiant en pharmacie, journaliste reporter, et musicien de rock old school, mais un grand passionné de littérature. Côté illustrateurs, cette fois, on trouve la belle Rym Laredj qui vit et travaille entre Paris et Alger. Elle est photographe, peintre, actrice et cinéaste, Rym Laredj est née à Damas en 1984. Elle grandit entre l'Algérie, les USA et la France. Nawel Louerrad vit et travaille à Alger. Elle est architecte de formation, elle poursuit des études de scénographie, puis des études théâtrales en France. De retour en Algérie, en 2009, elle travaille successivement dans le milieu théâtral, dans la presse écrite avant de toucher à la bande dessinée. De son côté, Géraldine Mercier vit et travaille à Nice. «Après des études aux Beaux-Arts de Monaco, j'ai poursuivi mon intérêt pour la sémantique et les mots, au travers du dessin et de l'écriture (les deux, dans mes feuilles, ne vivant que très rarement l'un sans l'autre...). Parallèlement, en collaboration avec des chorégraphes et metteurs en scène, mes lectures subjectives, prennent aussi tournure sous la forme de scénographies de spectacles vivants», raconte-t-elle. Marion Jaulin vit et travaille à Bruxelles. Diplômée des Beaux-Arts de Montpellier avec une pratique de dessin, peinture, installation, photographie et écriture; formation complétée par l'apprentissage d'un savoir-faire artisanal à l'école de peinture Van der Kelen de Bruxelles. Elle poursuit aujourd'hui ses recherches artistiques personnelles en peinture et installation, et travaille sur divers projets de décors utilisant des techniques picturales anciennes et de trompe-l'oeil. Enfin, Donatelle Liens vit et travaille à Lyon. Elle se définit comme une «gribouilleuse depuis presque toujours. (...) A la manière d'un sismographe, c'est ainsi qu'un de mes professeurs définissait mon trait. Et lorsque mes crayons ne sont pas suffisamment bien taillés, la photographie prend le relais». Tout ce beau monde recevra donc cette semaine une formatrice, éditrice, appelée Nadia Roman qui vit et travaille à Nice. Cette dernière formera les jeunes auteurs à l'écriture jeunesse durant la résidence, elle sera également responsable des conférences autour de la littérature jeunesse proposées en parallèle de la résidence. (les 16 et 23 avril à 15h). Notons, enfin, le nom de Clémence Lavergne-Roman sans qui le projet n'aurait pas vu le jour. C'est à elle que nous devons cette résidence fort intéressante, surtout dans un pays où le livre de jeunesse et de qualité surtout fait défaut. Clémence vit et travaille à Paris. Initiatrice et coordonnatrice du projet, et ancienne beaux-artiste elle s'est attachée à la valorisation et à la diffusion de «l'objet livre», lors d'un stage de communication dans la maison d'édition jeunesse Sarbacane, à Paris. Artiste et graphiste indépendante, elle décide, en juin 2012, de créer Leqald, et travaille depuis au projet inaugural entre Paris et Alger. C'est ainsi que naissent les idées et fleurissent les créations.