Passée la fête de l'Aïd El-Adha, les citoyens de Kabylie se sont replongés, hier, dans les préoccupations de l'heure. Aussi, est-il souvent question de la rencontre de football entre l'Algérie et le Zimbabwe ainsi que du processus de dialogue qui devait reprendre, hier, entre la délégation du mouvement citoyen et le chef du gouvernement. Si beaucoup d'espoir ressortait des propos des citoyens par rapport à la qualification de notre équipe nationale en quart de finale de la Coupe d'Afrique des nations qui fut obtenir tout de même à l'arrachée, il n'en est pas de même pour ce qui est du processus de dialogue. A ce propos, une certaine incertitude demeurait présente dans l'esprit de tout un chacun. Satisfaits des derniers acquis arrachés à la suite des premiers rounds, beaucoup de citoyens cachaient mal leur inquiétude quant à l'avenir de ce processus. Une inquiétude induite en grande partie par le premier couac survenu à la veille de l'Aïd. L'officialisation de la langue amazighe, telle que consignée dans la plate-forme d'El-Kseur, sera, de l'avis général, un écueil difficile à dépasser. Une conviction qu'une majorité citoyenne partage désormais, notamment depuis que la consultation interwilayas n'avait débouché que sur le renouvellement de l'exigence d'officialisation sans aucune concession de nature à désamorcer le blocage. Le consensus pour le retour de la délégation à Alger n'a, d'ailleurs, été obtenu que difficilement lors de la rencontre interwilayas. Les mêmes tendances, qui s'affrontaient dans les conclaves autour de cette question existent aussi dans la rue. A ce titre, l'opinion reste largement partagée sur la poursuite ou non de ce dialogue. Les débats qui s'enclenchaient spontanément dans les cafés et autres lieux publics font ressortir principalement deux tendances. La première se montre plutôt favorable à la poursuite du processus, à l'origine de la renaissance de l'espoir, afin de sonder au mieux les réelles intentions du pouvoir par rapport à l'ensemble des revendications. Au sein de cette tendance on craint surtout le retour des mauvais jours, car, à défaut de la poursuite du processus de dialogue, la seule alternative qui s'offrirait, reste le rejet de la prochaine consultation électorale. C'est justement là que réside le dilemme. Connaissant la configuration politique actuelle par rapport à la présidentielle, les citoyens s'accordent à dire que toute action allant dans ce sens est vouée à l'échec et n'aurait que des conséquences encore plus lourdes à supporter par la population. Dans ce sens, on n'hésite pas à souhaiter que la délégation fasse preuve de réalisme pour maintenir l'espoir. La proposition faite par Ouyahia quant à la promotion d'abord de cette langue avant son officialisation est très partagée surtout chez les spécialistes de la question. Pour cette frange de citoyens, on se suffirait largement d'un engagement du pouvoir pour l'officialisation de tamazight dans un proche avenir. Le «jusqu'au-boutisme» ne paie plus, étions-nous tentés de comprendre, sauf au sein de l'autre tendance, qui ne jure que par une rupture définitive. «Le pouvoir ne veut pas s'assumer» déclare cet étudiant qui explique que «la persistance dans cette démarche risque de raviver les soupçons». Pour ces citoyens, le mouvement gagnerait en mettant fin à ce dialogue au risque de se voir discrédité. En tout état de cause, le souhait de voir les deux parties réviser leurs copies est plus que jamais présent au sein de l'opinion locale.