Il faut un traitement de choc pour le tourisme algérien Le quatrième Salon d'Oran du tourisme s'est distingué par la présence très remarquée de la Fédération nationale des hôteliers. Son rôle est non seulement de réunir les exploitants hôteliers, mais aussi de préconiser un traitement de choc pour le tourisme algérien. Karim Chérif, son président, revient sur l'ordonnance qu'il a prescrite. L'Expression: Peut-on connaître les raisons qui vous ont motivé pour créer la Fédération nationale des hôteliers? Karim Chérif: Il faut savoir que la Fédération a à peine une année d'existence. Elle a été créée en mars 2012. Il faut aussi savoir que dans les pays qui ont une vraie vocation touristique, ce sont les différents acteurs, partie prenante dans la constitution de la promotion touristique d'une destination touristique, qui font la politique du tourisme. Il s'agit de la Fédération des hôteliers, les fédérations des agences de voyages, les fédérations des restaurateurs, les syndicats d'initiative et les transporteurs. En Algérie, nous n'étions pas dans cette organisation puisque le tourisme n'a été décrété comme étant une véritable priorité dans le développement économique que ces dix dernières années. Notre fédération a pour vocation principale de regrouper l'ensemble des exploitants hôteliers. Il faut savoir qu'actuellement, nous avons en Algérie plus de 1350 établissements hôteliers pour une capacité de 93.000 lits avec la perspective d'augmenter ce parc de 650 exploitations hôtelières. Ce qui va augmenter en 2015 la capacité des infrastructures de plus de 70.000 lits. Cela nous fera atteindre une capacité de 150.000 lits. Je peux dire que dans ces 93.000 lits existants, seuls 20 à 25% répondent aux normes internationales. Interrogé récemment sur l'incapacité de l'Algérie quant à canaliser le million de touristes qui part chaque année en Tunisie, le secrétaire d'Etat chargé du Tourisme répond que le touriste ne trouve rien ici. Quelle est votre avis par rapport à une telle déclaration? Avant de répondre à votre question je vous fournis les chiffres exacts du flux touristique algérien. En 2012, il y a eu 900.000 Algériens qui sont partis en Tunisie et 700.000 autres sont partis au Maroc. Pourquoi l'Algérien privilégie la destination voisine plutôt que la destination algérienne? Bien entendu, ça pose la question du nombre des infrastructures en Algérie, de la qualité de la prestation et surtout des prix pratiqués par les hôteliers. Beaucoup vous disent que les tarifs appliqués en Algérie sont excessifs. Cela se comprend. Il s'agit là de la règle de l'offre et de la demande. Si la demande est supérieure à l'offre, ce qui est le cas dans notre pays, vous avez ce type d'entraves. Ce qu'il faut faire et ce que nous défendons au niveau de notre fédération est de maximiser, optimiser et lancer des investissements dans le domaine des infrastructures hôtelières. Plus il y aura d'hôtels, plus la concurrence est dans la qualité et les prix. Je crois que la réussite dans le développement de l'industrie touristique en Algérie passe par la facilitation aux investisseurs. Les infrastructures ne sont qu'une partie du tourisme, l'hôtel représente 20% dans le développement. Ensuite, viennent les politiques d'accompagnement. Un touriste vient lorsqu'il trouve à sa disposition un transporteur qui lui fait des prix très attractifs, quand il a la possibilité de découvrir, quand il a des guides, qu'il puisse s'amuser... Le développement du tourisme passe par une transformation de l'ensemble des secteurs d'activités dans notre pays.