L'affaire BCIA revient sur le devant de la scène Les mis en cause, qui ont tous purgé leur peine, seront de nouveau jugés par le pôle pénal régional pour...blanchiment d'argent. Dix ans après son déclenchement et six années après son jugement, le feuilleton de la Banque commerciale et industrielle d'Algérie, Bcia, n'est pas près de connaître son dernier épisode. Celle-ci revient de nouveau sur le devant de la scène aussi bien locale que nationale. Son dernier épisode porte le sceau du blanchiment d'argent dont le dossier sera rouvert et jugé aujourd'hui par l'instance judiciaire régionale spécialisée dans le traitement des affaires, en l'occurrence, le pôle pénal de grande criminalité, régional d'Oran. Dans cette autre affaire, 62 accusés, dont plusieurs membres de familles de ces derniers, défileront aujourd'hui devant le juge du pôle pénal régional d'Oran. L'affaire a été jugée durant tout le mois de février 2007 par le tribunal criminel près la cour d'Oran pour deux chefs d'inculpation, dilapidation et complicité dans la dilapidation des deniers publics. Ils ont été condamnés à de lourdes peines suivies d'amendes dans le cadre de la loi 2006/08 portant sur la lutte contre la corruption, amendée le mois d'août 2006. L'affaire en question repose sur la dilapidation d'un montant de 13,2 milliards de dinars, équivalent à 1 320 milliards de centimes. Lors de son plaidoyer en 2007, l'avocat général a estimé que «chacun des accusés a joué un rôle». Le plan mis en application a consisté à l'extirpation des grosses sommes à partir de l'agence de la Banque extérieure d'Algérie de Mediouni (Oran) et celle de Sig dans la wilaya de Mascara. La Bcia, une banque privée, a joué un rôle important en avalisant, au profit des commerçants, des dizaines de traites sans aucune garantie en contrepartie. L'affaire Bcia a éclaté déclenchée en 2003. A son origine, une grosse quantité de sucre qui a été importée par la Sotrapla. Celle-ci a été financée par la BEA à raison de plus de 4 milliards de dinars à base d'une simple traite avalisée par la Bcia des Kharoubi. La «bombe» a été désamorcée lors des rencontres hebdomadaires se tenant à la banque de compensation sise à la rue Emir- Abdelkader, la Bcia étant catégoriquement opposée quant à rembourser la BEA argumentant l'expiration du délai fixé. La sortie de la Bcia a été récusée par la BEA étant donné que dans de telles transactions commerciales, la Bcia devait s'acquitter de ses redevances tôt ou tard. Faute d'entente, le conflit financier opposant les deux banques a pris de l'ampleur et d'autres tournures suite à l'intervention du directeur régional de la BEA, Djamel Beghdadi. Ce dernier a vite fait d'alerter sa hiérarchie, la direction générale de la BEA établie à Alger. Sur ordre de cette dernière (direction générale) une plainte a été déposée pour éviter le confinement de l'affaire dans les bureaux de l'administration bancaire. D'autant que les tractations opposant la BEA de Mediouni et la Bcia auraient été menées en sourdine par les deux directions. La première note d'information, qui a été donc ouverte par les services sécuritaires durant le printemps 2003, a abouti à l'arrestation de 43 personnes dont le patron de la Sotrapla, entreprise de transformation de plastique convertie dans les importations des produits alimentaires, le directeur de l'agence de Mediouni et celui de l'agence de Sig. Ce dernier est décédé à peine l'instruction ouverte. Dans le box des accusés, ont été jugés et condamnés des employés et des chefs de service des deux agences et d'autres individus constitués dans leur majorité de commerçants qui louaient leurs registres du commerce à la Bcia à raison de 100.000 DA le mois. A l'exception du P-DG de la Bcia, Kharoubi Mohamed, qui continue à faire l'objet d'un mandat d'arrêt international, tous les mis en cause sont aujourd'hui en liberté après avoir purgé leurs peines. Aucun d'eux n'a remboursé un sou à la Banque extérieure d'Algérie.