Les célébrations du 16 avril et du 20 avril sont réduites et pour cause, le deuil décrété suite au décès de l'ex-président du HCE, Ali Kafi. En plus du maigre programme retenu, il faut préciser que bon nombre ont essayé de jumeler ces deux dates qui, dans leurs contenus respectifs, sont totalement différentes. Si la première date sacre le combat d'un érudit de la religion et d'un partisan de l'arabité, la seconde elle, résume aussi un long combat pour imposer la composante berbère du peuple de Numidie. Aussi, vouloir les mêler c'est semer l'amalgame et s'inscrit en droite ligne dans la politique qui avait fustigé le printemps d'avril 1980. Celle qui en 1980 a réprimé la voix de tout un peuple qui ne demandait qu'à être reconnu comme tel. Parce que cette date reste importante parcequ'elle a de tout temps été un enjeu sur la scène politique. Pour rappel et l'histoire, les événements ont débuté dès la rentrée universitaire d'octobre 1980, chaque campus universitaire du centre du pays se dotant d'un collectif culturel chargé de la promotion des activités culturelles berbères en milieu universitaire. En janvier de l'année suivante, de nombreux lycées suivent. Théâtre, chansons engagées foisonnent et expriment un bouillonnement inattendu chez les descendants de «l'éternel Jugurtha». Mais c'est surtout le succès considérable des «cours de berbère» à la Faculté centrale d'Alger et à l'Université de Bab Ezzouar et dans les instituts de Boumerdès. Une grossière provocation policière est le prétexte à l'arrestation de 22 étudiants. À Béjaïa, un grand soulèvement commencera à partir du 19 mai 1981 autour de la revendication amazighe à laquelle s'est ajoutée la dénonciation du détournement du projet d'université vers une autre wilaya. La répression a été féroce et des dizaines de jeunes, essentiellement des lycéens, ont été arrêtés. Pour le 33e anniversaire de la farouche répression du mouvement estudiantin, les autorités de Bouira ont limité la célébration à l'inauguration du Fort turc, réhabilité. Cette inauguration corrobore avec les principes et fondements de Youm El Ilm mais n'a rien à voir avec le 20 avril. Les associations qui par un passé récent saisissaient la circonstance pour sensibiliser les populations sur la justesse de la revendication ont fini par rentrer dans les rangs et à opter pour la «folklorisations» de l'événement au point que cette date a fini par devenir une occasion pour la danse et l'art culinaire...d'autres et dans des visées inavouées profitent du travail de tout une génération affiliée au MCB pour essayer de s'en accaparer et en faire une plate- forme partisane politique. «Ni le RCD, ni le FFS encore moins le MAK n'ont l'exclusivité sur l'événement. Le 20 avril est l'aboutissement d'une lutte citoyenne qui ne s'arrêtera que quand la langue amazighe deviendra une langue nationale dûment constitutionnalisée» nous a affirmé Chaabane, un militant de la première heure. Le deuil, la grève dans l'enseignement, la mal-vie... ont réduit la date à un simple jour de repos qui pour cette année a coïncidé avec le week-end. Dans la région Est de la wilaya les plus téméraires ont programmé des conférences-débats pour contrer l'oubli. Le 20 avril, à M'Chedallah un hommage a été rendu au fils de la ville, le défunt Boukrif Salah, qui figurait dans la liste des détenus au côté de l'ex-député Ali Brahimi. «Par respect à la mémoire du moudjahid Ali Kafi, nous déférerons nos activités à l'après-deuil parce qu'il est inconcevable de laisser passer l'unique date charnière dans la longue lutte pour l'amazighité de l'Algérie et eu égard aux nombreux acquis que cette journée a engendré depuis sur différents jalons» nous confiera notre interlocuteur.