Quelles que soient leurs tendances politiques, députés, magistrats et experts s'accordent tous sur la nécessité de la séparation des pouvoirs. La question de la répartition des pouvoirs taraude les esprits. A l'approche de la révision de la Constitution, le sujet suscite de plus en plus de débats. La prochaine Constitution va-t-elle consacrer la répartition des pouvoirs? S'interroge-t-on. Des partis politiques, des experts et même les médias se penchent sur cette question. Pourquoi? Les observateurs de la scène nationale estiment que c'est la seule pièce maîtresse qui peut définir la nature du régime, présidentiel, semi-présidentiel ou parlementaire. Selon eux, la volonté du changement se traduit à travers la répartition des pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire. En plus clair, les observateurs affirment que ce sont les fondements du système politique qui permettent la pratique démocratique. Partant de cette idée, les partis politiques comme les magistrats et les parlementaires guettent la moindre information sur le contenu du projet portant sur la future loi fondamentale. Quelles que soient leurs tendances politiques, députés, magistrats et experts s'accordent tous sur la nécessité de la séparation des pouvoirs. Vu que cette question n'est pas prévue de façon explicite dans les différentes Constitutions algériennes, des voix appellent à plus de clarification. Des avis sont exprimés presque au quotidien ces derniers temps par les juristes et politologues. Le président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'homme (Cncppdh), Farouk Ksentini, plaide pour un «véritable équilibre entre les trois pouvoirs, et dans ce cas, il n'y aura pas de craintes pour les droits de l'homme et les principes fondamentaux, notamment l'indépendance de la justice qui constitue l'épine dorsale de la démocratie». De son côté, Mme Bennabou, constitutionnaliste, estime qu'il est «possible» d'atteindre cet équilibre, notamment par «le renforcement du rôle du Parlement, surtout sa fonction de contrôle, pour qu'à tout pouvoir véritable corresponde une responsabilité politique, sans pour autant basculer dans un régime parlementaire». Elle estime qu'avoir «en perspective, plus de rééquilibrage dans les pouvoirs, tout en restant en adéquation avec les réalités politiques et sociales, relève d'une démarche pluridisciplinaire et non de la responsabilité du seul juriste». Cependant, sans sombrer dans les travers du relativisme culturel ou du développementalisme, il n'en est pas moins vrai que chaque société, en fonction de ses propres ressources politiques, invente ses propres institutions pour résoudre ses contradictions. C'est aux bâtisseurs de l'Etat, alors, de trouver les formes institutionnelles qui correspondent le mieux aux ressorts et aux aspirations de la société algérienne. La centralisation des pouvoirs a démontré ses limites. L'emprise de l'exécutif sur le législatif constitue un obstacle à la bonne gouvernance. Ce qui constitue un véritable blocage à l'évolution de la vie politique et même économique. Après une expérience qui a duré des années, les observateurs de la scène politique estiment qu'il est temps de changer les méthodes de gestion.