Le meurtre de Chokri Belaïd, un critique virulent du parti islamiste Ennahda au pouvoir, a été imputé fin février à un groupuscule islamiste radical par M.Larayedh, alors ministre de l'Intérieur. Le chef du gouvernement tunisien et ex-ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh, a été entendu par le juge d'instruction enquêtant sur l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, tué le 6 février, a indiqué hier une source au sein du gouvernement. «Le chef du gouvernement Ali Larayedh a été entendu en tant que témoin par un juge d'instruction au siège du gouvernement, à la Kasbah» de Tunis, a indiqué cette source, sans autre précision sur l'audience. Le meurtre de Chokri Belaïd, un critique virulent du parti islamiste Ennahda au pouvoir, a été imputé fin février à un groupuscule islamiste radical par M.Larayedh, alors ministre de l'Intérieur. Fin février, le président tunisien Moncef Marzouki avait également été entendu comme témoin par un juge d'instruction enquêtant sur le meurtre, les proches du défunt se disant persuadés que le chef de l'Etat connaissait l'identité des meurtriers. Les proches de Belaïd accusent Ennahda d'être responsable de ce crime, ce que dément avec véhémence le parti islamiste. Les autorités tunisiennes ont publié le 13 avril les photos de cinq hommes soupçonnés d'être impliqués dans l'assassinat de Chokri Belaïd et lancé un appel à témoins pour les retrouver. Un communiqué du ministère de l'Intérier identifiait Kamel El Gathgathi, 39 ans, comme principal suspect et évoquait quatre complices: Ahmed Rouissi (46 ans), Salmane Marakchi (30 ans), Marouane Ben Haj Salah (33 ans) et Ezzedine Abdelaoui (38 ans). La veuve du défunt, Besma Khalfaoui et six personnalités parmi les défenseurs des droits de l'Homme, ont lancé jeudi une «Initiative pour la recherche de la vérité» sur l'assassinat de Chokri Belaïd, qui s'ajoute à un comité d'avocats chargé de suivre l'enquête. «Nous, moi, nos amis, les démocrates, persévérons pour connaître le meurtrier (...) Nous voulons des preuves, sans le moindre doute», a déclaré Mme Khalfaoui, citée hier par la presse. L'assassinat, sans précédent en Tunisie, a choqué et provoqué une profonde crise politique qui a finalement conduit à la démission fin février du gouvernement de Hamadi Jebali et à la formation d'un nouveau cabinet dirigé par Ali Larayedh. Depuis la révolution de janvier 2011 ayant renversé Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie est confrontée à l'essor de groupuscules islamistes armés, responsables de plusieurs coups d'éclats parfois sanglants, le plus grave ayant été l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis en septembre, qui avait fait quatre morts parmi les assaillants.