Le parti de l'opposant tunisien Chokri Belaïd, assassiné le 6 février à Tunis, a décidé lundi de saisir le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU sur ce crime, estimant que l'enquête n'était pas menée de manière satisfaisante par les autorités. "Etant donné que l'enquête sur l'assassinat de Chokri Belaïd n'avance pas comme il se doit, nous avons décidé aujourd'hui de porter l'affaire devant le Conseil des droits de l'Homme à Genève", a annoncé Zied Lakhdar, un responsable du parti des Patriotes démocrates, s'exprimant sur la radio Shems-FM. Selon le ministère de l'Intérieur, quatre suspects appartenant à un groupe islamiste armé ont été arrêtés mais les commanditaires n'ont pas été identifiés, et le meurtrier présumé, Kamel Gathgathi, est toujours en fuite. Le journal tunisien Achourouk a pour sa part affirmé dimanche que le tireur présumé avait été arrêté sur le territoire algérien et extradé en secret à Tunis il y a une semaine, une information démentie par le porte-parole du ministère tunisien de l'Intérieur Khaled Tarrouche. "Nous avons eu cette information avant même la publication de l'article dans le journal. Nous ne pouvons pas démentir cet article", a commenté pour sa part M. Lakhdar. Le meurtre de Chokri Belaïd a plongé le pays dans sa pire crise politique depuis la révolution de janvier 2011 qui a provoqué la chute de Zine El Abidine Ben Ali. Le président tunisien Moncef Marzouki a été entendu fin février comme témoin, les proches de la victime estimant qu'il disposait d'informations sur le commanditaire de cet assassinat. La famille de la victime a accusé le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement, d'être responsable de ce crime, ce que le mouvement dément.