Deux responsables de l'organisation des élections prévues en juillet au Mali ont émis des doutes sur la possibilité de les tenir dans un si court laps de temps. Le 7 juillet, jour le plus souvent avancé pour le premier tour de l'élection présidentielle, mais toujours pas officialisé, «est une date difficile à tenir», a affirmé jeudi soir Mamadou Diamoutani, président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), parlant de «préalables» à satisfaire. L'un de ces «préalables» est la mise en place des listes électorales, or, le Délégué général aux élections (DGE), le général Siaka Sangaré, a affirmé ne pas disposer des données qui lui permettraient d'établir ces listes. Tous deux s'exprimaient en marge d'une rencontre à Bamako sur le processus électoral au Mali, organisée par le National Democratic Institute (NDI), une organisation non gouvernementale américaine. La France, qui intervient militairement au Mali depuis le 11 janvier contre les groupes islamistes liés à Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) qui ont occupé le nord du pays pendant dix mois, insiste pour qu'au moins la présidentielle ait lieu en juillet. Une nécessité selon Paris pour asseoir l'autorité de l'Etat malien, actuellement dirigé par des autorités de transition issues d'un putsch militaire en mars 2012 ayant renversé le régime du président Amadou Toumani Touré et précipité la chute du pays aux mains des jihadistes. La prise de contrôle du Nord par les islamistes armés a provoqué la fuite massive de quelques 400.000 personnes, réfugiées à l'étranger ou déplacées dans d'autres parties du territoire malien et qui ne sont pas encore retournées chez elles. Comment voteront ces personnes, s'interrogent plusieurs observateurs au Mali et à l'étranger, qui émettent également des doutes sur la possibilité d'organiser le scrutin sur l'ensemble du territoire dès juillet. En grande partie chassés du nord du Mali, les jihadistes ont cependant prouvé qu'ils pouvaient encore agir de manière sporadique et violente dans deux des grandes villes de cette région, Gao et Tombouctou. La troisième grande ville du Nord, Kidal, est sous contrôle des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) qui refuse la présence de l'armée malienne, n'entend pas désarmer sans un début de négociations avec Bamako et ne veut pas entendre parler d'élections.