Constat - Les régions de Kidal, de Gao et de Tombouctou, dans le nord du Mali, échappent totalement au contrôle de Bamako depuis le début du mois d'avril dernier. Ces trois régions sont tombées aux mains des groupes armés islamistes et de divers groupes criminels suite à un coup d'état militaire renversant l'ancien Président Amadou Toumani Touré. Des militaires maliens ont en effet pris jeudi 22 mars, le pouvoir à Bamako pour, selon eux, en finir avec le manque de moyens dans la lutte contre la rébellion targuie et les groupes islamistes dans le nord du pays. C'est vers 4 heures, que des militaires en uniforme sont apparus à la télévision nationale qu'ils occupaient depuis la veille et ont annoncé avoir mis «fin au régime incompétent» en place à Bamako, avoir dissous toutes les institutions, suspendu la Constitution et décrété un couvre-feu. Ce coup d'Etat remet en question le processus électoral : une présidentielle dont le premier tour était prévu le 29 avril. Le porte-parole de ces soldats, le lieutenant Amadou Konaré, a affirmé qu'ils avaient agi pour faire face «à l'incapacité» du régime du Président Amadou Toumani Touré «à gérer la crise au nord de notre pays», en proie à une rébellion targuie et aux activités de groupes islamistes armés depuis la mi-janvier. Le lieutenant Konaré, entouré d'une dizaine d'autres militaires, parlait au nom d'un Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE). Les conséquences sont désastreuses. Ce coup d'Etat a précipité la prise totale de plus de la moitié du territoire malien par les groupes armés le Mujao et Ansar Dine, soutenus par l'Aqmi et le MNLA. Et depuis c'est la loi du plus fort qui s'impose dans cette région du Mali. Depuis, l'armée malienne en pleine décomposition, est incapable de reprendre le terrain perdu et les autorités de transition mises en place à Bamako après le retrait des putschistes du pouvoir le 6 avril paraissent impuissantes. La tension est en outre très vive ces derniers temps entre le MNLA, mouvement laïque qui a déclaré unilatéralement l'indépendance du nord du Mali, et les islamistes dont l'objectif proclamé est l'application de la charia (loi islamique) dans tout le pays. Le MNLA avait déjà été marginalisé dans plusieurs localités, en particulier à Tombouctou contrôlée par Ansar Dine qui y impose la charia, distribuant des coups de fouet aux «déviants» que sont, selon ce mouvement, les couples non mariés, les fumeurs, les consommateurs d'alcool.