La plus haute concertation entre Washington et Islamabad sur le plan militaire coïncide avec l'arrestation de plusieurs Américains. Face aux bombardements, les taliban opèrent par la réplique médiatique en attendant la guerre terrestre. Outre la mort de trois Britanniques et de deux Américains, combattant aux côtés des miliciens, ils ont annoncé l'arrestation de plusieurs Américains. La mort de ces combattants afghans (d'origine américaine et anglaise) proches de Ben Laden, confirme que malgré tout, les attaques américaines atteignent leurs cibles. Seulement, à travers cette information, les taliban visent beaucoup plus que cela. Tout porte à croire que les miliciens, enfouis dans les tranchées, loin des bombardements, mènent une guerre psychologique très «ciblée». Ils font entendre d'abord que les bombes des Américano-Britanniques tuent leurs propres citoyens - même s'ils combattent auprès des taliban - et puis le réseau de Ben Laden bénéficie du soutien des Américains et des Anglais. Dans le même sillage de la guerre psychologique, les taliban affirment disposer de preuves de plus en plus nombreuses de l'utilisation d'armes chimiques par les Etats-Unis. Le ministre de la Santé publique afghan et deux médecins ont fait état de nombreux décès inexpliqués qui pourraient être attribués à des armes chimiques. Les miliciens avancent à grands pas dans un champ médiatique qui semble échapper complètement à l'emprise américaine. A ce titre, l'exemple de la chaîne Al-Jazira est édifiant. Aussi, les taliban ont-ils conseillé aux USA de revoir leur politique s'ils ne veulent pas être confrontés aux centaines de milliers de combattants. Comme ils ont appelé le peuple américain à faire pression sur son gouvernement pour qu'il abandonne sa politique de guerre. Implicitement, les miliciens brandissent la menace des graves remous au Pakistan, en plus des autres manifestations anti-américaines dans d'autres pays musulmans. A ce niveau, les Américains auraient pris d'extrêmes précautions. Le chef des forces US dans le Golfe a eu, hier, des discussions au niveau militaire avec Mucharraf. Il s'agit de la plus haute concertation entre Washington et Islamabad depuis le début des bombardements sur l'Afghanistan. Cela en plus d'une unité spéciale des troupes américaines qui s'entraînent pour pouvoir s'emparer des armes nucléaires en cas de chute de Mucharraf. Les experts américains craignent, en effet, qu'en cas de coup d'Etat, le gouvernement pakistanais ne puisse plus contrôler l'armée. Rappelons que le Pakistan possède au moins 24 têtes nucléaires et les services américains ignorent où elles se trouvent exactement.