Sur un texte de Abdelkrim El Houari et une mise en scène de Laroussi Missoum, cinq comédiens se sont partagés les rôles d'une trame qui invite le spectateur à la méditation sur les méfaits du mensonge. Le spectacle Si El Hani, adapté de l'oeuvre théâtrale d'Eugène Labiche La grammaire, a été présenté mardi au Théâtre national algérien (TNA) par la coopérative culturelle et artistique ́ ́Asdiqâe el fen ́ ́ (Les amis de l'art) de Chlef, dans un genre tragi-comique montrant l'absurdité et l'aberration de l'imposture et de la cupidité. Sur un texte de Abdelkrim El Houari et une mise en scène de Laroussi Missoum, cinq comédiens se sont partagés les rôles d'une trame qui invite le spectateur à la méditation sur les méfaits du mensonge et l'imposture adoptés en mode de vie. Si El Hani, riche paysan de son état, se porte candidat aux élections pour briguer un autre mandat de président de la chambre agricole cachant vivement son analphabétisme devant Si Ali, son conseiller, lui aussi usurpant la fonction de vétérinaire et H'mida Benchegroun qui s'est attribué le titre d'archéologue. Saàdia, la fille de Si El Hani, vient toujours à sa rescousse pour lui rédiger ses discours ou lorsqu'il est mis à mal dans différentes situations qui lui imposent de justifier ses prétendues compétences intellectuelles, devant Z'bida la domestique, au courant de rien, mais bonne à tout faire, même lorsqu'il s'agit de faire campagne pour Si El Hani au hammam. Dans cette ambiance où personne n'est au courant du jeu de l'autre, tout le monde est à la recherche d'un enrichissement illicite et d'une réputation excessive et imméritée. Puisant quelques fois dans le registre burlesque, Abdelkader Hor, Karima Mokhtar, El Hadi Salhi, Djamel Hamel et Djamila Ben Ahmed ont bien servi leurs personnages respectifs tant sur le plan de l'interprétation artistique que sur celui purement physique où leurs corps ne leur mentaient guère. Pour inciter à la réflexion, le metteur en scène, aidé par Farouk Khelif, se conformant à un texte bien écrit, a choisi de croiser les destins des usurpateurs, par le mariage de Saàdia et de Smail, le fils du faux archéologue, gardant intactes leurs ambitions erronées et les éloignant de la voix de la raison. Dans une scénographie savamment conçue par Maàmar Mustapha Guerziz, il est fait référence au grand néoplasticien Piet Mandrion qui réduit la création plastique aux couleurs et aux formes linéaires les plus élémentaires. L'utilisation du jaune, du bleu et du rouge, couleurs basiques, auxquelles s'ajoute la neutralité du noir et du blanc contenues dans des formes géométriques élémentaires aux lignes horizontales et verticales renvoie aux esprits primaires et étroits des personnages, enfermés dans un monde des choses démuni de valeurs. L'apport de l'éclairage était concluant au même titre que l'ambiance musicale qui observait une authenticité dans son contenu et une modernité dans sa forme esthétique créant ainsi des atmosphères adéquates au besoin de la dramaturgie. Fondée en 2011, la coopérative ́ ́Asdiqâe el fen ́ ́, présidée par Laroussi Missoum, a déjà produit: El Ayta, Akd el djouhar, Tahia ya fen'nan (pour enfants), Moughamaret Fayrouz (pour enfants), Frelanda et Si El Hani. Deux autres projets, sont en chantier, en collaboration avec l'Association théâtrale de Chlef, ́ ́Bouar'ara ́ ́ pour la fête du 5 juillet prochain et ́ ́ La bataille d'El Asnam ́ ́ pour celle du 1er novembre. Outre le théâtre, ́ ́Asdiqâe el fen ́ ́ renferme plusieurs autres disciplines artistiques et se fixe pour objectif la promotion des jeunes talents et la stimulation du programme en cours pour la construction d'un Théâtre dans la ville de Chlef. ́ ́La grammaire ́ ́ (1867) est une comédie vaudeville jouée en un seul acte dans laquelle Poitrinas, président de l'Académie d'Etampes arrive à Arpajon pour y marier sa fille et pour opérer des fouilles archéologiques dans le jardin de son hôte. Eugène Labiche (1815-1888) est un dramaturge français, auteur de près de 180 oeuvres théâtrales qui lui ont valu d'être élu à l'Académie française en 1880 malgré l'opposition apportée par certains immortels (académiciens) qui ont déploré ́ ́l'invasion des genres inférieurs ́ ́.