Il y a dans cette équipe des joueurs qui ne jouent pas franc jeu. Ce qu'il est, maintenant, convenu d'appeler l'affaire «limogeage de Charef- Cheradi», continue, ici, à Sousse d'alimenter les discussions entre les envoyés spéciaux de la presse nationale. La grosse majorité d'entre eux n'a pas, du tout, apprécié que la commission «presse et information» de la FAF émette un communiqué où il a été question de journalistes «inventant des informations et des interviews». Certains confrères auraient préféré que les responsables de cette commission soient plus précis dans leurs attaques plutôt que de mettre tout le monde dans le même sac. Nous restons, pour notre part, fidèles à ce que nous avions relaté hier, à savoir que la gestion de l'information autour de l'équipe nationale est défaillante. Celle faisant état du renvoi des adjoints de Rabah Saâdane n'est pas tombée du ciel. Elle a été émise par quelqu'un qui vit dans l'entourage de cette EN, usant, très certainement, du conditionnel mais cela a suffi pour qu'elle soit exploitée sous la forme d'un scoop sans même qu'elle soit vérifiée. Parfois une telle démarche prend du temps, et dans la course à l'information, on risque de se faire doubler. On préfère, donc, la donner même si, par la suite, on doit faire un démenti. Le black-out imposé aux joueurs de l'EN se voulait être une sorte de prémunition contre toute forme de déstabilisation. C'est un choix mais il est, largement, discutable. Dans les plus grandes compétitions internationales, les joueurs sont, quotidiennement, à la disposition de la presse. Ce n'est que la veille d'un match que l'équipe se referme sur elle-même. Rappelons que l'équipe de France, lorsqu'elle a remporté le titre mondial en 1998, avait été suivie H 24 par un journaliste dont la mission était de réaliser un film sur elle. Ce journaliste avait vécu dans le même hôtel que les joueurs, et avec sa caméra, il aurait très bien pu contribuer à déconcentrer l'équipe. Le jour de la finale (une finale de coupe du monde et non d'une CAN) elle n'avait pas cessé d'être suivie pas à pas par une armada de journalistes et de cameramen depuis son centre de regroupement jusqu'au stade. Il n'y avait eu ni policiers ni «gorilles» de service pour empêcher les journalistes de faire ce travail basé essentiellement sur «les-à-côté» et sur une forme de sensationnel. En cloisonnant l'EN dans son centre de regroupement ici à Sousse, le staff technique n'a, assurément, pas opté pour la solution idoine en matière de communication. Le soir où il a rendu visite aux journalistes algériens à l'hôtel Tej Marhaba, le président de la FAF, M.Mohamed Raouraoua, a mis l'accent sur les moyens modernes de communication en particulier le téléphone mobile. C'est justement cet outil qui est en débat dans la mesure où, black-out ou pas, rien n'empêche les journalistes d'avoir accès, par son biais aux sources d'information sur l'équipe nationale. Malheureusement, ces sources ne vont pas toujours dans le sens de la sérénité recherchée. En effet, la plupart des joueurs joignables par portable sont ceux du championnat national qui, pour la plupart, ne sont pas titulaires. Ce sont eux qui donnent le maximum d'informations contraires à la stabilité de l'équipe. Et ces informations ne peuvent être vérifiées puisque les journalistes n'ont pas accès au lieu de regroupement de l'équipe et à ses aires d'entraînements. Les joueurs locaux ont le très grave défaut de se prendre pour ce qu'ils ne sont pas, c'est-à-dire des joueurs talentueux capables de briller dans une CAN. Rabah Saâdane ne s'y est pas trompé en affirmant que «certains joueurs doivent se dire que c'est un honneur pour eux de faire partie de la liste des 22 joueurs sélectionnés pour disputer cette compétition». Quelque part, Nasser Ouadah a eu raison de dire tout haut ce qu'il pensait de son statut de remplaçant. Il a préféré plier bagages et s'en aller plutôt que de rester et radoter sur ce que fait X ou Y. Le staff technique a insisté, depuis que l'EN est en Tunisie, sur l'esprit de groupe et la solidarité qui animent les joueurs qu'il a sous la main. Il a voulu généraliser alors que certains échappent à ce mot d'ordre. Boualem Charef est intervenu sur les ondes d'une radio nationale avant la CAN. Il avait indiqué qu'avec la faiblesse criante de notre championnat national, il viendra le jour où l'effectif de l'EN se recrutera en totalité dans notre émigration. Cela devrait se faire plus tôt que prévu.