« La situation est sous contrôle », assure le colonel Mokhtar Ben Naceur, du ministère de la Défense, précisant que la région, qui est décrétée zone militaire, est entièrement bouclée. « Je n'ai pas d'idée sur leur nombre. La région de Chambi est immense, on est en train d'essayer de les pourchasser. Pour le moment, nous n'avons arrêté personne », dit-il. La présidence de l'Assemblée nationale constituante (ANC) se déclare « profondément préoccupée » par ces derniers événements. Dans la rue où il se dit que parmi les terroristes il y aurait des vétérans du Nord Mali, l'inquiétude grandit. L'armée, qui a, lors des opérations de ratissage, découvert des armes, le site d'un campement, des vivres et des documents sur la fabrication d'engins explosifs, assure qu'aucun affrontement direct n'a eu lieu et que ses hommes tirent des obus Hawn pour déminer le secteur (100 km2 dont 60 km2 de forêt) et faciliter le ratissage que les forces de sécurité s'apprêtent à reprendre. Depuis lundi, début de cette opération, plus d'une quinzaine de militaires et d'agents de la Garde nationale tunisienne ont été blessés. Certains ont eu les membres inférieurs arrachés. Avec la présence de mines pour « sanctuariser » le mont Chambi, les Tunisiens découvrent que leurs salafistes djihadistes « sont installés comme dans un petit village où ils ont leurs planques et un site d'entraînement ainsi que des équipements ». Jusqu'ici, les officiels parlaient de « quelques individus qui se sont réfugiés dans les montagnes » et les organisations salafistes, telle Ansar Al-Charia dirigée par Abou Ayad qui serait responsable l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis en septembre 2012, ont régulièrement affirmé que la Tunisie n'était pas une « terre de djihad ». Opposants et observateurs critiquent vivement le manque de préparation du gouvernement. La colère gronde aussi chez les forces de sécurité. Près de 400 agents ont manifesté ce jeudi devant l'ANC pour réclamer de meilleurs moyens. « Citoyen, réveille-toi, le terrorisme a envahi le pays », ont-ils scandé. Par ailleurs, certaines sources affirment que 11 éléments en fuite ont été localisés au Touiref (gouvernorat du Kef) et Jendouba, que Kamel Gadghadi, l'assassin présumé de Chokri Belaïd aurait été arrêté par la police jeudi matin à l'aube et que les pourparlers sur le futur régime politique de Tunisie sont sortis de l'impasse : Ennahda a renoncé à l'instauration d'un système parlementaire pur, selon Rached Ghannouchi, son chef.