Le MSP tente de trouver son chemin Les deux candidats favoris à la succession, en l'occurrence le vice-président du Mouvement, Abderezak Mokri et le président du Conseil consultatif, Abderrahmane Saïdi. Les tendances antagonistes traversant le MSP, se querellent autour des options stratégiques et la succession à la tête du parti. Si la transhumance, l'entrisme, héritage du défunt Mahfoud Nahnah, sont des réalités avérées au MSP, la rupture n'est pas encore consommée. Il n'y avait pas foule des grands jours du MSP à cet important rendez-vous, s'accordent à dire plusieurs observateurs. La sortie de cette impasse devait être l'apanage du 5e congrès ouvert jeudi dernier à la coupole du Complexe Mohamed-Boudiaf à Alger. Le MSP entre l'improbable rupture définitive avec le régime et la persistance des séquelles d'entrisme politique, tente de trouver son chemin sous l'influence de la conjoncture post-printemps arabe et la présidentielle de 2014, pesant de tout leur poids sur le 5e Congrès du MSP. Le président sortant, Bouguerra Soltani qui veut brasser large, a exhorté les délégués de sa formation, à travers son allocution d'ouverture de lui permettre ou de lui donner l'opportunité «de s'occuper de ce qui est plus large et sortant du cadre organique restreint du mouvement». M.Soltani a défendu son bilan dont sa participation du MSP à l'Alliance présidentielle. Cette alliance «a permis de sauvegarder la stabilité de l'Etat et l'union de la nation». Grâce à elle, «le projet de concorde civile a été élargi et approfondi pour donner naissance à la réconciliation nationale». «L'Algérie est au-dessus des Constitutions et des présidents», a-t-il ajouté, toujours pour justifier son choix de faire partie de l'Alliance présidentielle. Encensant en partie le programme du président Bouteflika, M.Soltani dira «que le bilan du chef de l'Etat n'est pas totalement noir». Il a cité comme points positifs: le rétablissement de la paix et de la sécurité, et le paiement de la dette extérieure. Aux yeux du président du MSP, le mal profond de l'Algérie réside dans la nature du régime qui a réduit l'ouverture démocratique, médiatique et le multipartisme à une façade caricaturale». Le président sortant a reçu des distinctions de ses pairs étrangers, comme celle envoyée par Ghannouchi à son représentant, le vice-président d'Ennahda tunisienne, et celle venue de la part de Müsiad, une association qui fédère les patrons islamistes turcs. Des délégations et exégètes venues de la Libye, Mauritanie, des représentants du Mouvement du Jihad islamique en Palestine, la Syrie et même les représentants de la The National Democratic Institute (NDI) et des représentations diplomatiques dont la Chine ont été parmi les hôtes du MSP. Sur le plan interne, on a remarqué la présence des représentants du FLN, du FNA, du PT, d'El Islah, d'Ennahda, M.Benbada, Abdelmadjid Menasra, ex-cadre du parti, actuellement à la tête du Front du changement, mais pas Amar Ghoul, ont été également de la partie, M.Soltani qui s'est livré à un exercice de charme, en primant son ex-adversaire, M.Menasra. Les deux candidats favoris à la succession en l'occurrence le vice président du mouvement, Abderezak Mokri et le président du Conseil consultatif, Abderrahmane Saïdi vont devoir se départager à l'aune de ses deux courants principaux traversant la formation de Mahfoud Nahnah. Les proches de M.Mokri veulent couper le cordon ombilical avec le régime tandis que les ouailles de M.Saïdi souhaitent préserver les passerelles avec le pouvoir. Entamées depuis janvier dernier, les tractations menées par les fidèles de deux candidats se sont poursuivies lors de l'ouverture, jeudi dernier à la Coupole des travaux du 5e congrès du Mouvement. 1400 délégués ont été conviés à prendre part à cette rencontre. Des personnalités nationales et des délégations de pays arabes et étrangers ont assisté à l'ouverture de ce congrès de trois jours. Dans son discours à l'ouverture du 5e congrès, M.Soltani a affirmé que son mouvement détenait toujours «des cartes politiques gagnantes, s'il réussissait à rassembler le courant nationaliste en Algérie, d'autant plus qu'il avait fourni un gage sincère dans ce sens». Dans ce sillage, il a exhorté les courants islamiques à «oeuvrer pour la mise en place d'une culture de coexistence, de coopération et d'alliance». Il a appelé le courant islamiste en Algérie et dans les autres pays à «s'ouvrir aux nouvelles réalités par l'élaboration d'un projet national qui dépasse les dimensions de son mouvement». La séance d'ouverture du 5e congrès a été marquée par les interventions des délégations arabes invitées à assister à ses travaux. Considéré comme responsable de la déroute de son parti, M.Soltani a déclaré qu'«il assumait personnellement et entièrement la responsabilité morale de tous les points négatifs entre août 2003 et avril 2013». Il s'est dit «disposé à rendre des comptes devant le congrès et les institutions compétentes du MSP». Le MSP qui avait tenu son 4e congrès en 2008 a connu une véritable hémorragie dans ses rangs. Plusieurs de ses cadres ont quitté le parti pour constituer leurs formations politiques, à l'image de Abdelmajid Menasra, devenu président du Front du changement ou d'Amar Ghoul, désormais président de TAJ et Mostefa Belmahd qui a créé son parti, ainsi que les fidèles de Ahmed Dane, l'un des hommes les plus influents du MSP qui a également quitté le parti, appelé Harakat bina el watani. Phagocytés, fractionnés et scindés, ces courants affiliés à l'Internationale des Frères musulmans basée en Egypte, n'arrivent pas à concrétiser leurs ambitions politiques et leurs perspectives régionales en algérie.