Dans une conférence-débat tenue au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme, Me Ali Yahia Abdenour, n'est pas allé par quatre chemins pour dénoncer le maintien de l'état d'urgence qui «ne sert que le ministre de l'Intérieur et le président-candidat». L'orateur, qui a affirmé, dans ses précédentes déclarations, que «la levée de l'état d'urgence est une condition préalable pour la tenue du prochain scrutin», n'a pas hésité de reformuler son avis. Le président Bouteflika qui «mobilise tous les moyens pour arracher un deuxième mandat se sert également de la disposition pour empêcher les autres candidats de se manifester librement». Le dossier des disparitions forcées, a constitué l'autre chapitre abordé hier par Me Ali Yahia Abdenour. Ce dernier, n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour évoquer «la responsabilité des services de sécurité dans cette affaire». A cet égard, il a adressé un ultime appel aux autorités algériennes pour une réelle prise en charge de ce dossier, faute de quoi «le recours à la justice internationale n'est pas à exclure». L'orateur n'a pas manqué de réitérer son soutien au «combat des journalistes». Il a condamné à cet effet, les pressions exercées contre certains quotidiens nationaux. De son côté, Me Mustapha Bouchachi, membre de la Laddh, s'est interrogé sur les véritables motivations qui encouragent les autorités pour maintenir l'état d'urgence. «Son maintien est illégitime, la Constitution algérienne n'autorise pas l'instauration de cette disposition pour une durée illimitée et sans l'aval des deux chambres de la nation et du conseil de sécurité», a-t-il affirmé. La violation des lois de la République a constitué le principal chapitre développé par Me Bouchachi. Ce dernier s'est opposé, mordicus, à «l'insrumentalisation de la justice pour des fins politiques». L'orateur a orienté sa succincte intervention dans le sens sur la séparation des trois pouvoirs. Selon lui, cela doit être une exigence indiscutable pour libérer le législatif des enjeux politiques. Interrogé sur une éventuelle révision du décret du 9 février au sein des deux chambres de la nation, Me Ali Yahia Abdenour se montre pessimiste à ce sujet. Toutefois, «sans l'existence d'une véritable décision politique, sinon, une importante pression citoyenne, la disposition reste toujours en vigueur», a-t-il précisé. Douze ans après l'instauration de l'état d'urgence, la nécessité de sa levée constitue aujourd'hui l'une des revendications essentielles des formations et personnalités politiques. Les autorités du pays continuent toujours de tourner le dos aux différentes réclamations.