«Ce n'est pas seulement l'affaire de la Somalie (...) la sécurité du monde entier est en jeu», a assuré le chef du gouvernement britannique qui coprésidait cette conférence avec le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud. Les représentants de 50 pays et organisations étaient réunis hier à Londres pour aider la Somalie à se reconstruire après une longue guerre civile, sous l'égide du Premier ministre britannique David Cameron qui a assuré que «la sécurité du monde» était en jeu. Des attentats comme celui de dimanche à Mogadiscio, qui a fait au moins 11 morts et a été revendiqué par les insurgés islamistes shehab liés à Al Qaîda, «nous rappellent l'ampleur de la tâche restant à accomplir pour lutter contre le terrorisme», a souligné M.Cameron. «Ce n'est pas seulement l'affaire de la Somalie (...) la sécurité du monde entier est en jeu», a assuré le chef du gouvernement qui coprésidait cette conférence avec le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud. «Aider les jeunes Somaliens à échapper à la pauvreté est le meilleur antidote à l'extrémisme», a-t-il poursuivi, répondant «à ceux qui estiment que ce n'est pas un dossier prioritaire»: «regardez où cela nous a menés (dans d'autres pays): au terrorisme et à une immigration de masse». L'Union européenne a promis dans la foulée 44 millions d'euros pour aider à renforcer la police et à rétablir un «système judiciaire crédible» dans ce pays dévasté par plus de 20 ans de guerre civile. Outre des représentants de l'UE, des membres des Nations unies, de l'Union africaine et du FMI sont venus à cette conférence, de même que les pays voisins de la Somalie. Mais la participation du nouveau président kenyan Uhuru Kenyatta, inculpé par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes contre l'humanité, a fait grincer des dents. Le gouvernement britannique a mis en avant le «rôle essentiel» joué en Somalie par le Kenya qui «y a engagé quelque 5000 soldats et accueille plus de réfugiés somaliens que n'importe quelle autre nation». Selon son entourage, le président kenyan devrait aussi rencontrer David Cameron. Downing Street n'a pas confirmé la tenue de ces «entretiens bilatéraux». Londres avait déjà accueilli l'an dernier une conférence sur la Somalie où les participants avaient endossé une longue liste d'engagements pour y «rétablir la sécurité et la stabilité». Une conférence de suivi avait ensuite été organisée fin mai à Istanbul. L'an dernier, il s'agissait d' «achever la transition» politique, cette année, «nous discutons des moyens de soutenir le gouvernement somalien dans un processus conduit par les Somaliens, nous sommes dans une nouvelle ère», a expliqué Jeffrey Feltman, vice-secrétaire général des Nations unies pour les affaires politiques. La Grande-Bretagne a été le premier pays européen à rouvrir son ambassade à Mogadiscio en avril. Un «témoignage», selon Londres, «des progrès accomplis» par ce pays où l'élection de Hassan Cheikh Mohamoud a suscité l'espoir d'une réelle autorité centrale, absente depuis la chute de Mohamed Siad Barre en 1991. Les attaques de pirates somaliens, qui ont prospéré dans les années 2000, ont aussi été réduites de 80%, a fait valoir Downing Street. Mais les défis restent nombreux. Malgré une série de revers militaires et bien que divisés et pourchassés par les drones américains, les shebab restent puissants dans les zones rurales. La Somalie est aussi confrontée à une situation humanitaire dramatique: près de 260.000 Somaliens, pour moitié des enfants de moins de cinq ans, sont morts de faim entre 2010 et 2012 et l'aide fournie a été insuffisante, selon l'ONU. «Nous avons besoin de soutien, nous avons besoin d'aide et d'investissements et de protection contre ceux qui essaient de nous abattre», a plaidé le président somalien. «Aucun pays ne s'est jamais remis seul d'un tel effondrement économique et social»