L'allégeance au profit de Bouteflika sera inscrite dans la mémoire collective. Au-delà des allégeances traditionnelles caractérisées par de courtes «virées» devant le perron des zaouias, celle de Mostaganem restera dans l'esprit collectif du peuple. En effet, la wilaya de Mostaganem a eu ce privilège de réunir la totalité des représentants des zaouias du pays, au total 48, pour une motion de soutien, mais aussi définir devant Abdelaziz Bouteflika les enjeux de l'Union nationale des zaouias d'Algérie. Une cérémonie des plus marquantes, à laquelle est conviée la délégation officielle, a eu lieu, lors du premier séminaire des zaouias d'Algérie. L'occasion a été propice pour un soutien indéfectible à un deuxième mandat. Ce coup de force démontre toute la justesse des moyens et surtout des choix tactiques sélectionnés par l'équipe de l'actuel président pour conquérir les masses récalcitrantes. Dans ce contexte, l'Unza se définit comme une organisation pour maintenir et développer notre patrimoine socio-spirituel à contre-courant d'une nouvelle logique matérielle de globalisation. Ainsi, le propre des zaouias est d'appartenir à la mémoire collective. Ce patrimoine doit faire face à des défis, maintenant redoutables de ce 3e millénaire, s'il veut assurer sa survie. Ce constat concerne malheureusement toutes les zaouias avant l'installation de l'Unza. Depuis longtemps, le rôle des maîtres (chouyoukh) et facettes (mokadem) a consisté à réduire les risques endogènes et exogènes de désintégration qui ciblent les principes intellectuels et leurs valeurs spirituelles de l'islamisme dans sa perspective universelle. Cette approche très répandue durant de nombreuses décennies arrive maintenant à saturation. Cependant une nouvelle dynamique de restructuration qui doit s'appuyer d'abord sur un bilan des compétences, de l'organisation et des structures qui permet la mise en place de nouveaux moyens pour la concrétisation d'un projet unificateur que l'Union se charge de recouvrer conformément à l'enseignement coranique. Toute la question de survie de ces confréries est à l'ordre du jour et la prise de conscience apparaît aujourd'hui comme la ligne idoine à réaffermir. Il est évident cependant que la visite du premier magistrat du pays dans cette région a été l'occasion pour relancer les projets de développement en souffrance. Tous les domaines socioculturels, les secteurs d'économie, les actions de développement accusent un retard sur le plan des réalisations. Le ministre de l'Intérieur a dressé un bilan des plus négatifs et moroses de l'état d'avancement des projets. «Mostaganem est caractérisée par un manque d'énergie totale. Les indicateurs fournis en comparaison à la moyenne nationale sont très en deçà des espérances. Même les secteurs sensibles, tels le logement, l'AEP, l'assainissement et surtout l'éducation sont loin d'être à la hauteur des attentes», dira M.Zerhouni. Malgré une situation géographique des plus enviées, une côte d'une longueur de presque 150 km, un parc immobilier conséquent, malgré sa vétusté, un port, un réseau routier assez dense, les retards accumulés ne peuvent être justifiés. «Le taux d'investissement des cinq dernières années est l'équivalent de celui investi depuis 1962 à ce jour», indiquera le ministre de l'Intérieur. 650 milliards de centimes comme budget complémentaire ont été octroyés par les pouvoirs publics. Cette somme touche l'année 2003. Pour le ministre de l'Intérieur, la relance des investissements et par là, la relance économique ne peut intervenir sans qu'il y ait au préalable l'assainissement de la situation sécuritaire. «Cette donne reste la pierre angulaire pour tout développement», affirme M.Zerhouni qui s'attellera par la suite à répondre aux questions relatives à la crise de Kabylie. «On ne peut exclure la visite du président de la République en grande Kabylie», a-t-il dit. Le retour à la case départ enclenché par les délégués des archs ne semble pas gêner les autorités. «Chacun assumera ses responsabilités», martela le ministre de l'Intérieur, si un coup de force survient dans cette région sensible. La grâce décidée par le pouvoir peut-elle être revue? «Jusqu'à aujour-d'hui, aucune décision n'est prise en ce sens», rétorque M.Zerhouni. Enfin, la tournée du président poursuit son cheminement. Les points inscrits à son programme seront visités. L'accueil a été très chaleureux et enthousiaste. Mosta vit une autre vie et semble sortie de son sommeil profond. Une lueur d'espoir se dessine à l'horizon pour les populations trop longtemps délaissées.