L'orateur a nié tout parallèle entre les législatives de 1991 et la présidentielle de 2004. La tournée électorale de Djaballah, avant-hier, à Mila et Constantine, était loin d'être une sinécure. Les cris, «Vive Bouteflika» qui le poursuivent y ont résonné tout au long de sa virée de proximité. Ce chahut, faut-il le souligner, a eu un précédent à Sidi Mezghiche, une commune de la wilaya de Skikda, que le candidat islamiste a visitée tard dans la soirée de mercredi. Dans cette localité, les citoyens ont accueilli leur hôte avec rudesse. En effet, aussitôt débarquées, des centaines de personnes et adultes se sont dépêchées à l'entrée de la mosquée pour lui souhaiter une «bienvenue» bien particulière: «Il ne sera pas président, Bouteflika vaincra». Ruminant son désarroi en silence, Djaballah a quand même pris le micro pour s'adresser à cet auditoire irréductible. Peine perdue, ses propos ont été étouffés par un bruit déstabilisateur. C'est alors que le numéro un d'El-Islah a compris qu'il fallait décamper. Ce qu'il fit précipitamment. A Chelghoum Laïd, daïra dépendant administrativement de la wilaya de Mila, le candidat du MRN n'a pas échappé à l'accueil bienveillant. Ses quelques sympathisants et militants arboraient ses posters et scandaient des slogans favorables à sa candidature, ont été vite étouffés par les slogans en faveur du chef de l'Etat comme favori sans conteste. Au chef-lieu de la wilaya, le leader d'El-Islah a bien pris sa revanche. La salle omnisports qui abrite le meeting est bondée dont beaucoup d'adolescents n'ayant pas l'âge de voter. Ces derniers l'ont, d'ailleurs, contraint à maintes reprises a cesser de discourir par leur agitation effrénée. Dans sa prise de parole après celle des relais locaux qui ont excellé par des panégyriques à son égard, Djaballah a plaint la cause des Milis «qui s'exilent vers la capitale à la recherche de travail faute de tissu industriel dans la région». Comme pour encourager le lectorat islamiste à lui prêter main forte, l'orateur a nié catégoriquement qu'un parallèle doit être fait entre les élections législatives de 1991 et la présidentielle qui aura lieu le 8 avril. «N'écoutez pas ceux qui disent que le courant islamiste ne peut être toléré au pouvoir. 2004 n'est plus 1991», s'est-il écrié. Le sombre tableau dressé des cinq années de règne de Bouteflika a été illustré, entre autres, par «le blocage» de la proposition d'El-Islah au niveau de l'Assemblée populaire nationale concernant la bonification de la prime de la femme au foyer à 1500 DA. Toujours dans le territoire de Mila, le chef de file d'El-Islah s'est rendu à la commune d'Oued El Athmania. Au milieu de la foule qui l'accueillait se trouvaient des dizaines d'enfants qui ont bien joué leur rôle de «trouble-fête». Arrivé à Constantine, le cheikh a tenu son meeting là où il a toujours rêvé de le tenir. Le stade Benabdelmalek-Ramdane a été parfaitement «paré» pour la circonstance. Djaballah a dit postuler à la magistrature suprême du pays «en vue de se dresser comme une digue contre les laïcs qui se démènent à nous faire revivre la culture colonialiste». Il a, par ailleurs, évoqué les 18.000 bidonvilles qui encombrent la ville et toutes les incommodités dont souffrent leurs locataires. Cela pour dire que la «continuité prônée par certains, allusion faite à Bouteflika, ne peut qu'inciter à davantage de régression». Abordant le sujet des disparitions, Djaballah a invité toutes les familles de disparus, ceux qui ont été jetés dans les prisons, en un mot la composante de l'ex-FIS à «se mobiliser le jour du scrutin dans l'objectif de concrétiser la véritable réconciliation nationale». S'agissant de la journée d'hier, coïncidant avec le 15e jour de la campagne, le candidat islamiste a parcouru deux wilayas de l'Ouest : Oran et Mostaganem. Compte tenu de l'esprit d'ouverture qui caractérise ces deux contrées, Djaballah a essentiellement évoqué lors de ses interventions, le rôle de la femme dans la société et «le combat qu'il mène pour son émancipation dans le cadre des préceptes de l'Islam».