«Qui dit un mensonge en dit cent.» Proverbe français Certains disent que le mensonge en politique est vieux comme Machiavel, ce maître à penser de tous les ambitieux qui intriguent pour arriver au pouvoir. On peut dire que le mensonge (en politique) est vieux comme le langage humain et que «le langage a été donné à l'homme pour dissimuler sa pensée, disait non sans cynisme le plus madré des renards de la politique: Talleyrand. Enfin, le mensonge en politique est si vieux et son rôle si important qu'un certain Anglais du nom de John Arbuthnot, plus connu sous celui de Jonathan Swift, a cru bon d'écrire un pamphlet sur ce terrible travers qui colle aux hommes politiques comme une qualité intrinsèque. Pour lui, le mensonge vient du fait que l'âme possède non seulement un côté «plat» qui restitue les choses telles qu'elles sont, mais aussi un côté cylindrique, qui déforme les faits. Puis, dans le second chapitre, l'auteur définit le mensonge en politique comme «l'art de convaincre le peuple», l'art de lui faire croire des faussetés salutaires et cela pour quelque bonne fin. Dans un troisième chapitre, il montre que le mensonge en politique est non seulement permis, mais aussi licite. Dans un quatrième temps, l'auteur explique que le gouvernement ou le corps politique dans son ensemble n'a pas l'exclusivité du mensonge, puisque le peuple peut aussi l'utiliser pour combattre ses représentants (notamment par l'invention de fausses rumeurs, visant à nuire à la réputation d'un homme politique). Le cinquième chapitre définit une typologie des différents mensonges: le mensonge de calomnie (qui a pour objet la diffamation), le mensonge d'addition (qui a pour but de prêter à un individu des actions bénéfiques dont il n'est pas l'auteur), et enfin, le mensonge de translation (prêter ses actions à un autre que soi). Dans le sixième chapitre, l'auteur opère une distinction entre deux types de mensonge: le mensonge «qui sert à épouvanter» et «celui qui anime et encourage», puis il précise que les mensonges doivent non seulement faire preuve de vraisemblance, mais aussi varier (il ne faut pas toujours utiliser les mêmes). Le mensonge est l'exemple même de la malhonnêteté des politiciens. Quand un homme politique ouvre la bouche, c'est pour sortir des promesses qu'il ne pourra jamais tenir ou enfoncer un ennemi. Les promesses électorales sont connues de tout le monde comme des chèques sans provision et expriment le mieux la malhonnêteté des politiciens. Mais le mensonge le plus grave, c'est celui proféré pour avilir l'adversaire ou l'ennemi et le noircir aux yeux de la population. En 1952, en pleine Guerre froide, Paris s'était fait beau pour accueillir à grands frais l'amiral Ridgeway, chef de l'Otan, et le PCF, le parti le plus important d'alors, organisait des manifestations hostiles à cette visite qui faisait de la France le vassal des Etats-Unis. La police française n'avait pas trouvé mieux que d'accuser Jacques Duclos, secrétaire du PCF par intérim, d'espionnage au profit de Moscou: les pandores avaient trouvé deux pigeons dans sa voiture. Au siècle du télex, on avait jugé qu'il ne pouvait s'agir que de pigeons voyageurs! L'ancien résistant s'apprêtait tout bonnement à s'en faire une fricassée. Si ce petit mensonge prête plutôt à rire, il y a des mensonges qui sont plus graves et qui déclenchent des tragédies: déjà au milieu des années 1980, Margareth Thatcher, de l'air le plus sérieux du monde, avait commencé à accuser Saddam Hussein de préparer une arme redoutable: un canon à longue portée qui pourrait atteindre Tel-Aviv. George Bush et Tony Blair, après avoir mené une campagne diabolisant le président irakien, avaient révélé des rapports précis faisant état de l'existence d'armes de destruction massive en Irak (ADM). La catastrophe qui s'ensuivit dure encore et l'Irak démoli à tout jamais. L'argent du Qatar et de l'Arabie Saoudite, les armes de l'Otan maniées par des mercenaires islamistes ne suffisnt pas à faire plier Bachar el Assad, le même mensonge est utilisé contre l'armée régulière syrienne. Qu'inventera-t-on demain contre l'Iran?