Farid s'est montré à la hauteur des grands moments qu'on attendait de lui Quelle plus belle et forte manière d'exprimer son amour à son public que celle de souhaiter la mort en sa présence sur scène, le luth à la main. C'est dans une ambiance empreinte de fidélité et d'un sentiment de retrouvailles que Farid Ferragui, le rossignol de la chanson kabyle, s'est produit ce week-end à Béjaïa dans un double concert organisé par la direction de la Maison de la culture. Farid s'est montré à la hauteur des grands moments qu'on attendait de lui. Fragile et sentimental, l'artiste a su développer un répertoire dans lequel se mêlent d'anciennes et de nouvelles chansons au grand bonheur des fans venus en force des quatre coins de la basse Kabylie pour écouter leur idole, qui a bercé leur jeunesse, un temps où l'on envoyait des messages d'amour à travers les mélodies et les mots de l'artiste. Ce week-end, la nouvelle génération et celle des années 1980 se sont rapprochées grâce à un artiste qui s'avère être celui de leur temps. Les premières notes de son luth révèlent d'emblée la fragilité de l'artiste, une sensibilité à fleur de peau s'élance avec l'une de ses oeuvres phares Tharamiyid ar thayri (Vous m'avez renoué avec l'amour). Puis il enchaîna une série de chansons retraçant un parcours artistique de 32 années. Quelle prouesse pour un artiste qui compose son répertoire à la demande de son public. Il faut vraiment aimer son public pour se prêter à cet exercice de chanter ce que veulent ses fans. Ayoul iguevghan toulass (la cour qui désire les femmes), est la première chanson qui marque le début de sa carrière. Cette chanson sous-estimée par l'artiste même s'est avérée être celle qui le propulsera au-devant de la scène. Farid bercera alors merveilleusement son public de ses plus grands tubes. Un public pour lequel il vit comme il aime à le répéter. Thin dhiyirhan, sera la première chanson demandée. Elle retrace une histoire que beaucoup ont vécu, ouvrant la voie à d'autres titres tout aussi significatifs d'un vécu commun. Chaque titre interprété s'avèrera une histoire dont se reconnaît, aussi bien l'artiste, que le public dans une symbiose qui n'a de valeur que d'illustrer les forts liens existant entre l'artiste et ceux qui l'écoutent. On aura vu des larmes versées. Même Farid n'a pas pu se retenir, laissant couler discrètement quelques larmes. Après la pause, l'artiste retrouve la scène avec un titre qui est une lettre écrite à son public pour enchaîner ensuite avec les demandes dans un exercice d'interprétation entrecoupé de messages de paix, de fraternité et d'amour. L'artiste redonnera vie à des dizaines de chansons immortelles parce que si présentes en lui qu'en son public, qui les reprend en choeur. Tayri (l'amour) décrit ce qu'un Kabyle aura vécu comme expérience dans sa vie sentimentale. Elle parle de l'amour et ses embûches. D'autres titres qui portent en eux autant d'histoires douloureuses, marqueront ce spectacle réussi comme à l'accoutumée. L'artiste quittera difficilement la scène tant ses fans ne se sont pas assouvis de sa voix mélodieuse. Ce n'est qu'une halte qui s'achève. D'autres rendez-vous viendront. Une fois de plus, Farid Ferragui a contenté son public qui repart satisfait d'une prestation toujours à la hauteur de l'artiste.