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"Tourner en Algérie est notre premier objectif"
NADIR IOULAIN, REALISATEUR, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 21 - 05 - 2013


Nadir Ioulain
L'Algérie dans la place! Qui a dit que l'Algérie n'était pas à Cannes? Comme nous l'affirmions précédemment, l'Algérie est loin de jouir d'une industrie du film à même de financer le cinéma comme il se doit, bien qu'elle soutienne relativement les cinéastes avec un fonds qui suffit à peine à boucler le quart des budgets. Outre les quelques professionnels du cinéma invités par le ministère de la Culture sur la Croisette, il n'est pas sorcier de tomber sur un Algérien, a fortiori un réalisateur venant «draguer» un éventuel coproducteur étranger pour pouvoir enfin tourner son film en Algérie après des mois, voire des années d'attente et de tracas administratifs.
Parmi eux, un jeune Algérien vivant en France dont le souhait est de lancer plein de projets à destination de son pays d'origine. Stand indien. Extérieur jour (l'Inde qui fête ses 100 ans de cinéma est l'un des pays mis à l'honneur cette année aux côtés de la France et des Etats-Unis).
Le hasard fait bien les choses. Après-midi cannoise, cocktail et mets épicés. Au milieu, une rencontre fortuite. Et bavardage... Cinéma bien sûr! Présentation.
L'Expression: pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs.
Nadir Ioulain: Je m'appelle Nadir Ioulain, j'ai 32 ans. je suis d'origine algérienne. Je vis à Paris. Je suis auteur réalisateur. J'ai également une société de production. J'ai réalisé deux documentaires, l'un Français de souche sur l'identité française et l'autre Génération Jackson en 2013 sur l'influence de Michael Jackson au sein de la société française à travers le témoignage de différentes personnalités. J'ai fait un film avec Omar Sy, Marie Petragala. Ce sont deux films qui viennent d'être bouclés. Je viens de finir la réalisation et la production de façon indépendante de mon film Jungle jihad.
Un long métrage de fiction pour le cinéma avec Farid Larbi, Oussama S., Jimmy Jean-Luis et Sofia Manousha, entres autres. Un film atypique, original dans le fond et la forme de 90 minutes. Il a été tourné en dix jours et de façon indépendante, on appelle ça du jungle cinéma.
Actuellement, on cherche des soutiens financiers pour conclure la postproduction du film, notamment l'étalonnage, le mixage et également une partie de dessin animé qui fait partie intégrante du film.
D'après les images, c'est un film policier...
Ce n'est pas un film policier. Ça reste un film d'auteur, antifilm d'auteur en même temps, mêlé au genre thriller, à l'image des films de Reservoir Dogs de Cantin Tarentino. On est quand même dans le texte la singularité de l'histoire. En même temps, on se permet certaines traversées d'action, de combat, c'est transversal. C'est l'histoire d'un homme qui désire tellement rencontrer la foi, il décide d'organiser le plus grand braquage de l'humanité, à savoir braquer son âme.
Tout le film est basé sur ce chemin introspectif qui va se matérialiser en images à travers différentes choses, mais également en action, mais beaucoup plus en réflexion. C'est un film qui a aussi une forte portée onirique.
Vous dites braquer son âme. Dans ce film, l'acteur n'est pas si pacifique que ça puisque qu'il a souvent un pistolet à la main.
Absolument, on dit que c'est quelqu'un qui est habitué à la société moderne liée à la consommation et qui peut percevoir la foi comme un élément qu'on peut détenir. Comme si la foi était quelque chose qu'on pouvait saisir. Comme si on pouvait saisir la religion et Dieu. Il a la même démarche pour obtenir la foi. La même démarche qu'un braqueur pour obtenir de l'argent. A travers ce cheminement, en fait, et la discussion, il braque son âme avec la force. Et on comprend qu'on ne peut jamais rien obtenir de son âme par la force. Ça c'est une question qui est posée.
Comment vous vous retrouvez à Cannes aujourd'hui et dans le cinéma?
Eh bien, j'ai un parcours. Depuis la fin des années 1990, je suis dans le domaine artistique, musical et théâtral. J'ai essentiellement travaillé en France jusqu'à maintenant. J'ai écrit des projets entre la France et l'Algérie et même entre l'Algérie et la Chine. Pour le premier, il s'agit d'un film qui s'appelle Pour quelques grammes de sable et le second, Casbah China. Comment on arrive au cinéma? Eh bien j'ai tourné des courts métrage, j'ai fait des films institutionnels. J'ai une disposition d'artiste et d'entrepreneur assez naturellement.
Justement, parlant de l'Algérie, vous êtes donc le réalisateur du film Pour quelques grammes de sable, censé être tourné dans le sud de l'Algérie et où on retrouvera aussi le comédien Farid Larbi. Où en êtes-vous concrètement avec ce film?
et Sabrina Ouazani aussi j'espère? Pour quelques grammes de sable est le versant social et psychologique d'une quête universelle que beaucoup d'êtres humains peuvent faire, c'est-à-dire se sentir bien là où on est et comprendre là d'où l'on vient pour aller là où on va. C'est un pensif, mais ça reste vrai. C'est l'histoire de Sofiane qui va se retrouver en Algérie pour accompagner son père. Et à travers ce voyage qui peut apparaître banal, il va finalement se retrouver face à lui-même à travers une histoire d'amour et décider de suivre son coeur pour mieux se comprendre.
Je crois savoir que vous avez obtenu le Fdatic, mais il vous manque encore de l'argent pour boucler votre budget, d'où votre présence ici au Festival de Cannes...
Oui, tout à fait. Là on est à Cannes pour ça. On essaie déjà de rencontrer les différents partenaires structurels algériens sur place, les éventuelles sociétés de production algériennes et étrangères qui pourraient être intéressées pour pouvoir clore le plan de financement, soit la postproduction. C'est vrai que nous avions le souhait de faire vraiment un film algérien car on parle souvent de l'Algérie, mais on tourne ailleurs ce qui est dommage et nous, on veut tourner en Algérie avec des comédiens algériens pour montrer la diversité du paysage algérien et la culture algérienne. Aujourd'hui, on essaie de concrétiser tout ça par tous les moyens nécessaires. On pense partir pour les préparatifs du tournage au mois de juin. Il faut savoir qu'on compte tourner à Alger, Mostaganem, Béchar, Ouargla. Ce sera tout un périple. On prendra bien un mois de préparation sur place. Ensuite, suivront les préparations en France pour enfin enchaîner le tournage à la rentrée prochaine, entre septembre/octobre sur deux mois et demi. Le premier objectif est celui-ci, on va tout faire pour s'y conformer.


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