Le chef de la diplomatie britannique, porte-parole de la rébellion syrienne? La réunion des «Amis de la Syrie», à laquelle participent l'opposition et les pays qui la soutiennent, discutera aussi des moyens d'aider les rebelles qui subissent un assaut d'envergure de l'armée. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a lié hier tout règlement de la crise en Syrie à un départ du président Assad, lors d'une réunion à Amman visant à préparer une conférence de paix internationale. Le chef de l'opposition syrienne George Sabra a appelé l'ensemble de la rébellion à venir défendre Qousseir, une ville stratégique de l'ouest tenue par les insurgés, face à l'assaut de l'armée régulière. «Le Royaume-Uni estime depuis longtemps qu'Assad doit partir et nous n'avons jamais pu envisager une solution impliquant son maintien» au pouvoir, a déclaré M.Hague lors d'une conférence de presse. «Si jamais le régime pensait qu'il peut remporter une victoire militaire et revenir à la situation d'avant, je pense qu'il commettrait une terrible erreur, une erreur catastrophique. Il faut une solution politique, quelle que soit la situation sur le terrain», a-t-il ajouté. Lors d'un récent entretien à des médias argentins, M.Assad a cependant martelé son refus de quitter le pouvoir avant la présidentielle de 2014. «L'une des choses dont nous allons discuter ici à Amman portera sur ce qui doit être fait concernant l'équilibre de forces militaires sur le terrain», avait affirmé un haut responsable du département d'Etat américain aux journalistes accompagnant le secrétaire John Kerry, présent dans la capitale jordanienne. Le responsable faisait référence au déséquilibre de forces entre l'armée, face à des rebelles faiblement équipés. Les pays occidentaux refusent d'armer les rebelles, arguant que l'arsenal risquerait de tomber entre les mains d'extrémistes. Au centre des discussions à Amman figure la conférence internationale dite de «Genève 2», prévue en juin et initiée par les Etats-Unis et la Russie pour tenter de mettre fin à une guerre civile qui a fait plusieurs milliers de victimes. Les discussions réuniront les chefs de la diplomatie de la Jordanie, de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de l'Egypte, du Qatar - un des principaux bailleurs de fonds de la rébellion syrienne -, des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de la Turquie, de l'Allemagne et de l'Italie. Alors que l'opposition, sans chef depuis la démission d'Ahmed Moaz al-Khatib, avait été donnée dans un premier temps absente de cette réunion, un porte-parole a annoncé hier que le président par intérim de la Coalition George Sabra y participerait. Les représentants des monarchies et des pays occidentaux se rendront par ailleurs aujourd'hui à Istanbul, où se tient une réunion de l'opposition, pour tenter de la convaincre de participer à «Genève 2», avait affirmé un membre de la Coalition. Lors de sa réunion à Istanbul, l'opposition, minée par les divisions, doit élire un nouveau chef et décider de sa participation à la conférence internationale. Une première réunion tenue à Genève en juin 2012 avait débouché sur un texte prévoyant la mise en place d'un processus de transition politique, mais sans se prononcer sur le sort de M.Assad, principale pierre d'achoppement dans les négociations. L'opposition pose cette question comme condition sine qua non, tandis que le président syrien, qui assimile la rébellion a réitéré à plusieurs reprises son refus de démissionner. Le Premier ministre du Qatar cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani a estimé à l'instar de M.Hague, qu'un règlement «politique» du conflit était tributaire du départ du président Assad. L'ambassadeur syrien dénonce «les ennemis de la Syrie» L'ambassadeur syrien en Jordanie a fustigé hier une réunion à Amman des pays soutenant l'opposition, la qualifiant de rassemblement des «ennemis de la Syrie». «C'est une réunion des ennemis de la Syrie, ou des amis d'Israël», a déclaré Bahjat Souleimane lors d'une conférence de presse, quelques heures avant une rencontre du groupe des «Amis de la Syrie» réunissant l'opposition et des pays la soutenant. Damas accuse régulièrement les rebelles, de collaborer avec Israël, pays avec lequel la Syrie est officiellement en guerre. «Ceux qui veulent mettre fin à la tragédie en Syrie doivent arrêter d'armer et entraîner les gangs terroristes en Syrie», a-t-il dit. L'ambassadeur a encore affirmé que le régime du président Bachar al-Assad «se défendait et continuera à combattre les instruments d'Israël dans la région». «Nous comprenons les pressions auxquelles la Jordanie fait face mais le royaume ne devrait pas s'impliquer dans la guerre en Syrie. La sécurité d'Amman est liée à la sécurité de Damas», a-t-il encore dit. La réunion des Amis de la Syrie vise à préparer une conférence de paix internationale à Genève et doit discuter des moyens d'aider les rebelles sur le terrain. Les discussions réuniront notamment les chefs de la diplomatie de la Jordanie, de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de l'Egypte, du Qatar - un des principaux bailleurs de fonds de la rébellion -, des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de la Turquie et de l'Allemagne. M.Souleimane a par ailleurs estimé que les centaines de milliers de Syriens réfugiés en Jordanie «ne viennent pas pour des raisons humanitaires». «Ils sont ici pour obtenir des avantages matériels ou parce qu'ils sont terroristes ou liés aux terroristes», a-t-il affirmé. La Jordanie dit avoir recueilli plus de 500.000 réfugiés syriens depuis le début de la rébellion en mars 2011.