La libération a été annoncée par le porte-parole de l'armée, Ahmed Ali, dans un communiqué avare de détails sur les conditions de ce dénouement. Trois policiers et quatre soldats égyptiens enlevés dans le Sinaï ont été libérés hier après près d'une semaine de captivité, une affaire qui a une nouvelle fois mis en évidence le climat d'instabilité régnant dans cette péninsule frontalière d'Israël et de Ghaza. La président Mohamed Morsi a promis dans une allocution télévisée que «la loi prévaudrait» et que les ravisseurs «seraient traduits en justice». Ces derniers, selon des responsables des services de sécurité, n'ont toutefois pas été capturés. M.Morsi a également lancé un appel aux habitants du Sinaï à rendre les armes qui circulent en grand nombre dans cette région. «Les armes n'appartiennent qu'aux autorités. Ceux qui en ont doivent les rendre», a-t-il déclaré. Le président islamiste a également promis d'oeuvrer au développement économique de cette région parmi les plus pauvres du pays et d'assurer à ses résidents leurs «pleins droits», allusion au mécontentement d'une grande partie de la population locale, majoritairement bédouine. M.Morsi et des dizaines d'officiels civils et militaires ont accueilli en grande pompe les sept membres des forces de sécurité, enlevés jeudi dernier, lors de leur arrivée sur une base aérienne proche du Caire. La libération a été annoncée en début de matinée par le porte-parole de l'armée, Ahmed Ali, dans un communiqué avare de détails sur les conditions de ce dénouement. Les sept hommes «ont été libérés par leurs ravisseurs (...) grâce aux efforts des renseignements militaires égyptiens en coordination avec des chefs tribaux dans le Sinaï», a-t-il dit. Peu après cette annonce, le terminal de Rafah entre l'Egypte et l'enclave palestinienne de Ghaza, fermé depuis vendredi par des policiers égyptiens en colère contre l'enlèvement de leurs collègues, a rouvert. Rafah est le seul point de passage avec la bande de Ghaza à ne pas être contrôlé par Israël. Le Premier ministre égyptien Hicham Qandil avait affirmé mardi que les autorités déployaient des «efforts intenses» pour libérer les otages. Les ravisseurs étaient lourdement armés, avec des missiles anti-aériens et des mitrailleuses de fort calibre, avait indiqué le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim. Il avait précisé qu'il n'y avait pas de négociations avec les ravisseurs, qui réclamaient la libération de militants bédouins emprisonnés, mais que les chefs tribaux tentaient de persuader les hommes armés de relâcher les otages. Des témoins avaient fait état de mouvements militaires mardi dans la péninsule, où l'armée avait engagé une opération de ratissage. L'état d'urgence avait en outre été décrété dans les hôpitaux du Nord-Sinaï, en prévision d'une possible confrontation avec les ravisseurs. Ce rapt a mis sous pression le président Morsi, confronté à la nécessité de rétablir l'ordre dans cette région sensible sur le plan intérieur et international, où l'autorité de l'Etat apparaissait une nouvelle fois bafouée. Outre les problèmes sécuritaires, M.Morsi est confronté à une grave crise économique et à une forte contestation politique. La sécurité dans le Sinaï s'est fortement dégradée depuis le soulèvement qui a chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak début 2011, avec une multiplication d'enlèvements et d'attaques. La population bédouine est de longue date rétive face au pouvoir central qu'elle accuse de négliger la péninsule. Le Sinaï a également vu une recrudescence d'activité de la part des groupes islamistes radicaux hostiles à Israël. Lundi, des assaillants avaient tiré à l'arme lourde sur un camp des Forces de la sécurité centrale (FSC) à Al-Ahrach, sans faire de victime, selon l'agence Mena. Des inconnus avaient ensuite ouvert le feu sur un poste-frontière avec Israël réservé aux marchandises, Al-Ouga, près d'un autre camp de la police égyptienne, d'après la même source.