Deux responsables de Ligue de protection de la révolution (LPR) arrêtés samedi en marge d'un rassemblement interdit ont été libérés, a annoncé hier cette milice aux méthodes brutales accusée par l'opposition d'être proche du parti islamiste au pouvoir Ennahda. La Ligue dénonce néanmoins l'interpellation de quelques heures d'Imed Deghij et Mohamed Amine Agrebi dit «Recoba», ainsi que d'une poignée de leur camarades, et appelle en réaction à une manifestation le 1er juin à Tunis. «Il est impossible de livrer la Tunisie de nouveau à la dictature (...) au retour de la répression, de la corruption», souligne la LPR sur sa page Facebook en appelant à manifester «pour dire à tous les partis politiques que s'ils sont là c'est grâce à nous». Cette organisation nébuleuse s'est proclamée, avec le soutien du parti islamiste au pouvoir Ennahda et des partisans du président Moncef Marzouki, comme le garant de la mise en oeuvre des revendications de la révolution de janvier 2011. A l'inverse, une large partie de l'opposition et certains alliés d'Ennahda accusent la LPR d'user de méthodes brutales pour intimider ses détracteurs et réclament depuis des mois l'interdiction de cette mouvance. La LPR est accusée de plusieurs attaques retentissantes, comme le lynchage en octobre 2012 de Lotfi Naguedh, représentant de Nidaa Tounès (opposition) à Tataouine (sud) et l'attaque début décembre du siège du principal syndicat, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). Le 22 décembre, des manifestants agissant sous sa bannière ont assiégé puis attaqué une réunion de Nidaa Tounès à Djerba (sud), forçant le parti à annuler son meeting. L'opposition a longtemps accusé le gouvernement de se montrer trop laxiste à l'égard de groupes comme la LPR ou la mouvance salafiste jihadiste. Le ministère de l'Intérieur, dirigé depuis mars par un indépendant Lotfi Ben Jeddou, a prévenu en mai que toute manifestation organisée sans l'aval des autorités serait dispersée et ses organisateurs poursuivis.