Après avoir été entériné à Tizi Ouzou, le rejet de la prochaine consultation électorale est parti pour se traduire dans les faits, à Béjaïa. Hier, les délégués de la Cicb ont procédé officiellement au lancement de la campagne visant à mettre à mal la prochaine présidentielle prévue pour le avril prochain. Profitant de la commémoration du 1er anniversaire du décès du jeune Sadek Aït Mansour survenu à l'hôpital de Tizi Ouzou trois mois après une grave blessure contractée lors d'un rassemblement de protestation dans cette même ville, le 4 novembre 2002, les délégués de l'intercommunale de Béjaïa ont saisi cette opportunité pour lever le voile sur les voies et les moyens qu'ils comptent mettre à contribution pour réussir à boycotter le scrutin. Avant de se diriger vers le cimetière de la ville pour le rituel dépôt des gerbes de fleurs sur la tombe du martyr, la foule évaluée à un millier de personnes, a eu à écouter attentivement les délégués communaux pour intervenir sur pas moins de trois sujets d'actualité. Ali Gherbi, Khoudir Benourret, Yazid Mahdi et bien d'autres animateurs ont tour à tour, pris la parole pour aborder les questions sur lesquelles beaucoup de participants les attendaient. Aussi, a-t-il été souvent question du départ des élus locaux. De la rupture du processus de dialogue? Et de la prochaine présidentielle? Avec des mots simples et surtout clairs, les orateurs ont fait montre d'une véritable détermination à ne point céder sur leurs revendications. A propos du processus du dialogue, les différents intervenants l'ont déclaré consommé sans pour autant écouter l'éventualité d'une reprise pour peu que les pouvoirs publics accédant à la revendication contenue dans le 8e point de la plate-forme d'El-Kseur, à savoir l'officialisation de la langue amazighe. Dans l'ensemble, les délégués ont, néanmoins, affiché leur scepticisme sur fond d'une conviction vérifiée. En ce sens, - le pouvoir ne cherchait en fait, à travers Ie dialogue que de foire passer en douce les élections en Kabylie.- A ce propos, les délégués développeront ensuite tout un exposé portant sur les voies et les moyens pour faire avorter le scrutin. Sans le dire, on sent une volonté de reconduire les mêmes procédés représentés par deux fois lors des législatives et des locales de l'année 2002. En sus de la responsabilité de l'échec du dialogue endossé au pouvoir, ils feront de même de toutes les conséquences qui en découleront dans une éventuelle répression de la campagne anti-vote. A ceux qui s'inquiétaient de l'absence de l'application du protocole d'accord additionnel sur le terrain, entendre par là le départ des -indus élus-, les animateurs tout en se montrant rassurants à ce sujet, ont averti qu'ils -chasseraient eux-mêmes ces squatters-. Même si la mobilisation d'hier n'était pas tout à fait celle qu'on connaissait aux archs, il n'en demeure pas moins que l'intérêt dont ont fait preuve les presents, augure d'un rejet total. Ajouté au boycott du FFS, c'est toute la région de Kabylie qui est partie pour un 3e scrutin controversé de son histoire. Et ce ne sera pas la participation du RCD, FLN, PT et le jeune UDR qui vont changer quelque chose dans l'esprit des citoyens qui n'aspirent qu'à une quiétude furtivement retrouvée.