Le président du Front démocratique (non agréé), a emboîté le pas au leader du RCD, Saïd Sadi. Il s'est résolu à prendre part à l'échéance présidentielle malgré le «doute» qui plane sur sa régularité. «En ce qui me concerne, j'ai pris ma part de responsabilité: je ne vais pas m'autocensurer, je ne me démobiliserai pas et je conduirai ma candidature jusqu'au bout. Seul m'en empêcherait le recours illégal à des moyens pour faire obstruction à cette candidature», a-t-il déclaré, hier, lors d'une conférence de presse qu'il a animée à sa permanence. Pis encore, il croit même que ne pas participer au prochain scrutin serait là «le plus sûr moyen de laisser libre cours aux dérives de l'intérieur et de l'extérieur du pouvoir». Parallèlement, Ghozali s'est dit «comprendre» ceux qui enfourchent la thèse d'une «élection sur mesure» sans, toutefois, les rejoindre dans leur attitude de boycott. Ainsi donc, le patron du FD semble ramer dans le même sens que le groupe des dix du fait qu'ils ambitionnent tous à faire barrage au chef de l'Etat à qui ils imputent tous les maux. Contre toute attente, le conférencier a affirmé ne pas être sur la même longueur d'onde avec eux (les dix). «Je n'ai pas rejoint ce groupe, car il y a des questions qu'on ne conçoit pas de la même manière», s'est-il justifié. Ces divergences, telles qu'égrainées par l'orateur, concernent surtout «l'absence d'un programme commun sur lequel pourrait s'appuyer la démarche de ce groupe cosmopolite», d'autant plus que «la bonne volonté ne suffit pas en politique». Par conséquent, Ghozali a écarté toute éventualité de faire dudit groupe celui des onze. Ce choix a été beaucoup plus éclairé, lorsqu'il a nié l'existence de la classe politique la considérant «un élément du décor dans un pays aux allures d'un théâtre à ciel ouvert». La seule opposition fiable, à ses yeux, est représentée par le FD, son parti, et WAFA d'El Ibrahimi dont l'agrément est refusé. En décidant de faire cavalier seul, «le mal-aimé du pouvoir», comme il s'est plu à se définir, ne désespère pas de surmonter la barrière des 75.000 signatures, condition sine qua non pour aborder le round sérieux. Afin de bien démontrer sa popularité, il a pris le soin de préciser «l'état d'avancement de la collecte des signatures a son compte» en misant sur 8 autres jours pour «assembler le chiffre requis». Comme il est revenu, marketing politique oblige, sur la douche écossaise qu'il avait essuyée en 1999, où il n'a pas dépassé le cap des signatures. L'échec est mis sur le dos des médias publics «qui ne m'ont pas permis de m'adresser aux Algériens.» En s'affabulant l'attribut de la première opposition du pouvoir, l'ex-chef de gouvernement compte élaborer son programme en fonction des «aspirations citoyennes». A l'abord de ce volet, il a fait du peuple le centre de ses «préoccupations» au point de lui suggérer «un pacte politique, social et moral». Inéluctablement, la situation en Kabylie a figuré parmi les «tourments» du conférencier. A propos, il a mis de sérieuses réserves quant à la légitimité du scrutin au cas où cette région opterait pour le rejet. Tout en qualifiant les précédentes communales et législatives de «crime», il a estimé que «toute la stratégie électorale serait à revoir si cette crainte devenait réalité». Concernant les garanties de transparence données par le président de la République, Ghozali les a jugées «insuffisantes». A l'image de l'ensemble des candidats, il a estimé que la présence des observateurs internationaux n'est pas à même de colmater les brèches pouvant résulter «du parti pris de l'administration». «Il faut que l'observation accompagne tout le processus électoral», a-t-il insisté. Par ailleurs, il s'est abstenu de commenter la neutralité affichée par la grande muette, sous prétexte qu'il n'est responsable que de ses positions. A bien contempler le champ politique, le défi de Ghozali paraît un voeu pieux dont la concrétisation n'est pas pour demain. Tout comme ceux des adversaires de Bouteflika qui s'appuient sur la virulence verbale à outrance.