Pour un meeting de clôture de sa tournée électorale dans la wilaya de Béjaïa, le président du RCD ne devait pas faire dans la dentelle. Le docteur Sadi, dans son discours, a misé le tout pour le tout. « Après avoir combattu pour la résistance et les droits de l'homme, aujourd'hui il faut abattre la sécurité militaire », a-t-il tonné. L'appel pour faire barrage au « plan de déstabilisation de la région » est fait dans un ton courroucé au point d'avoir noué la voix à l'orateur. « Lorsque j'ai appelé au rassemblement des forces de progrès dont le FFS sur BRTV, le lendemain, à la première heure, des agents de la sécurité militaire sont venus me signifier que pas question que le RCD et le FFS fassent alliance », rapporte-t-il avec force du serment. Le récit qui a ponctué le rappel du refus exprimé par des responsables du FFS de faire cause commune avec le RCD se voulait une façon d'inviter à faire un parallèle. C'est que le président du RCD n'a rien revu de sa conviction que « ces gens-là (les responsables du FFS ayant décliné l'invitation, ndlr) sont décidés à faire ce qu'on leur demande de faire, la division ». Cette fois-ci, Dr Sadi en vient à supplier la base de ne pas accepter la division. « Même s'il y a division en haut, restez soudés à la base », conjure-t-il. Comme excédé par ce « plan de déstabilisation de la région », Saïd Sadi a martelé que « tôt ou tard, le projet de régionalisation aboutira et que la capitale régionale sera Bougie ». L'occasion aussi de crier gare contre la fraude en rapportant la dernière « manœuvre » en date : « Les bulletins de vote viennent d'être imprimés avec l'inscription intégrale du nom des partis politiques, ce qui invite à confondre Rassemblement pour la culture et la démocratie avec Rassemblement national démocratique et Front des forces socialistes avec Front de libération nationale. » Non loin de là, presque au même moment, Saïd Sadi a tenu un autre meeting pour dire « non à la normalisation prônée par le Pouvoir ». Dans une ambiance empreinte de sérénité, le leader du RCD a encore une fois appelé au rapprochement entre les forces démocratiques. Mais M. Sadi est venu surtout convaincre les citoyens de Laâzib d'accorder leurs voix aux candidats du RCD qui « sont là, prêts à travailler pour l'intérêt de toute la commune ». Il n'omettra pas, cependant, d'attirer l'attention de l'assistance sur « les risques de fraude ». Sur ce, il invite la population à aller voter massivement. M. Sadi s'attaquera au FLN, « qui n'a rien fait de positif pour le Kabylie », et révèle que des manœuvres sont menées par la Sécurité militaire pour dissuader les citoyens à aller voter afin que les candidats du Pouvoir passent avec très peu de voix. Aussi battra-t-il en brèche les discours selon lesquels le vote ne sert à rien, que les partis sont tous pareils, que 18 mois, c'est peu, et que ça ne compte pas, et que seuls les partis de l'Alliance sont en mesure de bénéficier de l'argent de l'Etat. Tout cela est l'œuvre des services, dira Saïd Sadi. « Votez en masse et sachez que c'est la démocratie et le bien-être du citoyen qui sont en jeu. Quant au RCD, je vous promets que je serai le premier à dénoncer et à renier un élu coupable de mauvaise conduite », a-t-il déclaré. M. Sadi a révélé qu'une enquête qu'il a effectuée sur la dotation des wilayas de Béjaïa et de Tizi Ouzou en budget ces dix dernières années fait ressortir que l'argent arrive autant qu'ailleurs, mais il est mal placé. « Je suis tombé sur un cas de ‘‘prêt non remboursable'' d'une valeur de 14 milliards de centimes pour une personne. Un prêt non remboursable, ça n'existe pas, c'est plutôt un hold-up », s'est-il indigné le responsable du RCD. K. Mejdoub, K. Omar